Le gouvernement provincial de l’Ituri a engagé mardi 16 septembre une opération de grande envergure pour contrôler la régularité des sites miniers de la province. Cette initiative conjointe entre experts provinciaux et services techniques du secteur minier marque un tournant décisif dans la restructuration d’un secteur longtemps miné par l’illégalité et le financement des groupes armés.
Pourquoi cette opération arrive-t-elle à un moment si crucial pour la région? La réponse réside dans la récente reprise de contrôle par les Forces armées de la RDC (FARDC) de l’ensemble des sites miniers précédemment sous emprise de milices. Cette avancée sécuritaire a permis au gouverneur Johnny Luboya N’Kashama de suspendre temporairement toutes les activités minières il y a un mois, préparant ainsi le terrain pour cette campagne de régularisation sans précédent.
La première inspection s’est déroulée sur le site de Jingo, exploité par la coopérative Umoja dans le secteur de Mambisa, territoire de Djugu. La commission mixte a minutieusement vérifié la conformité des opérations, incluant l’usage réglementaire d’engins lourds et l’existence d’une étude d’impact environnemental et social bénéficiant aux communautés locales affectées par l’extraction aurifère.
Les investigations se sont étendues aux sites Vilo 1 et 2, Saint Raphael et Ushindi, situés sur le lit de la rivière Ituri, toujours dans la zone de Mambisa. Cette approche systématique démontre la détermination des autorités à couvrir l’ensemble du bassin minier concerné.
Un membre de la commission provinciale a souligné l’importance du volet fiscal de cette opération: «La mission vise également à contrôler le paiement des droits, taxes et redevances dus à la province et à l’État». Cette démarche permettra non seulement de assainir les finances publiques mais aussi de réorganiser complètement l’exploitation minière en Ituri.
L’enjeu de traçabilité des ressources minières apparaît comme central dans cette restructuration. Comment garantir que l’or extrait ne finance plus les groupes armés qui ont longtemps terrorisé la région? La réponse passe par un contrôle étatique renforcé et une transparence accrue tout along de la chaîne de valeur minière.
Cette opération s’inscrit dans une perspective plus large de formalisation du secteur minier artisanal, souvent qualifié de «secteur informel» mais représentant une part significative de la production aurifère nationale. La régularisation des sites miniers en Ituri pourrait servir de modèle pour d’autres provinces confrontées aux mêmes défis.
Les implications économiques sont considérables: une exploitation minière régulée permettrait à l’État de percevoir des revenus substantiels tout en assurant une meilleure redistribution vers les communautés locales. Le contrôle minier dans l’Ituri représente ainsi un test crucial pour la capacité de l’État à reprendre en main ses ressources naturelles.
Cette initiative intervient dans un contexte où la pression internationale s’accroît sur la RDC pour garantir que ses minerais ne alimentent pas les conflits. La mise en place effective de mécanismes de traçabilité pourrait ouvrir l’accès aux marchés internationaux plus exigeants en matière de diligence raisonnable.
La réussite de cette opération de contrôle déterminera dans une large mesure la capacité future de l’État à exercer sa souveraineté sur l’ensemble du territoire national et à transformer la richesse minière en développement tangible pour les populations.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net