Dans le territoire d’Isangi, à 125 km à l’ouest de Kisangani, une initiative novatrice voit le jour pour transformer les mentalités et améliorer la santé familiale. L’école des maris, portée par l’Agence belge de coopération internationale (ENABEL), représente une approche révolutionnaire dans la province de la Tshopo. Mais comment impliquer véritablement les hommes congolais dans des domaines traditionnellement considérés comme l’apanage des femmes ?
Ce programme intégré au projet santé et protection sociale d’ENABEL répond à un constat alarmant : bien que les hommes demeurent les décideurs principaux au sein des ménages, ils restent souvent absents des discussions cruciales sur la santé reproductive, maternelle et infantile. Une absence qui pèse lourdement sur le bien-être des familles et freine les progrès en matière de planning familial au Congo.
L’école des maris poursuit des objectifs ambitieux mais essentiels : promouvoir une communication saine au sein du couple, encourager l’adoption de méthodes de planning familial, impliquer les pères dans le suivi de grossesse et les soins à l’enfant, et lutter contre les violences basées sur le genre en RDC. Des enjeux fondamentaux pour construire des communautés plus équitables et en meilleure santé.
Mis en œuvre par l’organisation Expertise humanitaire et sociale avec l’appui technique et financier d’ENABEL RDC, le projet mise sur l’éducation par les pairs. Des hommes formés spécifiquement animent des sessions participatives dans un cadre respectueux, permettant à leurs congénères de s’exprimer librement et de remettre en question certaines pratiques néfastes.
Joseph Bassay, cadre de l’enseignement local, salue cette initiative tout en appelant à sa pérennisation : « Il faut intégrer ces concepts dans les programmes éducatifs pour que les générations futures grandissent avec ces valeurs d’égalité et de respect ».
Les violences basées sur le genre en RDC constituent un fléau persistant qui trouve en partie ses racines dans les normes sociales traditionnelles. L’école des maris représente ainsi bien plus qu’un simple programme de sensibilisation – c’est un instrument de transformation sociale profonde. En faisant des hommes des alliés dans la promotion des droits des femmes, ce projet contribue à bâtir une société plus juste où la santé reproductive dans la Tshopo n’est plus un sujet tabou mais une responsabilité partagée.
Cette approche participative montre déjà des résultats prometteurs. Les hommes qui suivent ces formations deviennent à leur tour des ambassadeurs du changement au sein de leurs communautés, créant un effet multiplicateur essentiel pour la pérennité du projet. Valoriser les modèles masculins positifs permet de déconstruire progressivement les stéréotypes et d’installer de nouvelles normes sociales bienveillantes.
Le programme santé reproductive Tshopo d’ENABEL démontre ainsi qu’impliquer les hommes dans ces discussions n’est pas seulement possible – c’est nécessaire pour obtenir des changements durables. Une leçon qui pourrait inspirer bien d’autres initiatives à travers le pays.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net