Dans une révélation qui secoue la scène politique congolaise, l’ancien président de l’Assemblée nationale Olivier Kamitatu dévoile les coulisses d’une manœuvre institutionnelle d’envergure. Selon ses affirmations, la motion de destitution visant Vital Kamerhe ne serait que le prélude à une opération bien plus ambitieuse : le déverrouillage de l’article 220 de la Constitution pour permettre un changement de régime politique.
Le professeur André Mbata, secrétaire permanent de l’Union sacrée, apparaît comme l’architecte de ce projet constitutionnel qui vise à instaurer un septennat présidentiel et à supprimer le poste de Premier ministre au profit d’un vice-président de la République. Cette réforme, présentée comme technique, cacherait en réalité une volonté de consolidation du pouvoir exécutif.
Kamitatu décrypte la stratégie avec une précision chirurgicale : « Le mécanisme est froid, mécanique, implacable. D’abord écarter Vital Kamerhe – le dauphin naturel, l’obstacle. Ensuite faire passer la loi ». Christophe Mboso, doyen de l’Assemblée nationale, serait chargé de garantir la docilité des délibérations parlementaires, tandis que les députés pétitionnaires ne seraient que des pions dans ce jeu d’échecs politique.
La perspective d’un ticket Tshisekedi-Bemba pour le nouveau régime présidentiel ajoute une dimension supplémentaire à cette équation politique. Cette révélation intervient dans un contexte où le président de la République avait déjà annoncé fin 2024 son intention de modifier la Constitution, qualifiée par certains de son camp d’« écrite par les étrangers ».
Mais pourquoi ce empressement constitutionnel alors que l’Est du pays est en proie aux conflits armés ? Kamitatu met en garde contre les conséquences déstabilisatrices d’une telle réforme dans un contexte déjà fragilisé. « Modifier la Loi fondamentale aujourd’hui n’est pas une réforme technique ; c’est un acte politique aux conséquences géopolitiques », assène-t-il, interpellant la responsabilité des silencieux.
Le timing de ces révélations est particulièrement significatif. Alors que la ferveur révisionniste s’était quelque peu estompée après la prise de Goma et Bukavu par les rebelles du M23, ces déclarations relancent le débat sur les priorités nationales. La question constitutionnelle, loin d’être un simple ajustement technique, engage l’avenir démocratique de la nation tout entière.
Qu’adviendrait-il de l’équilibre des pouvoirs si le poste de Premier ministre venait à disparaître ? Comment garantir les contre-pouvoirs dans un système présidentiel renforcé ? Ces interrogations cruciales méritent un débat national approfondi plutôt qu’un passage en force parlementaire.
La révélation de Kamitatu jette une lumière crue sur les réalités du pouvoir en RDC. Elle soulève des questions fondamentales sur la nature du projet politique porté par la majorité présidentielle et sur les méthodes employées pour le réaliser. Alors que le pays fait face à des défis multiples, la tentation de modifier les règles du jeu politique risque d’ajouter une crise institutionnelle aux crises sécuritaire et sociale déjà existantes.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd