Dans les salles de classe de la province éducationnelle Tshopo 2, un silence inquiétant a remplacé le bourdonnement habituel des leçons. Depuis ce lundi 15 septembre, les enseignants ont déposé craie et stylos, lançant un mouvement de grève qui secoue les territoires d’Opala, d’Isangi, de Basoko et de Yahuma.
« Comment expliquer à nos familles que nous cotisons chaque mois sans jamais voir un médecin ? », s’interroge un instituteur préférant garder l’anonymat. La question des soins de santé devient le cri de ralliement de ces éducateurs oubliés, qui versent religieusement 5 000 FC mensuels pour une mutuelle santé fantôme.
Le Syndicat Interprofessionnel Solidarité pour le Changement (SYISOC) porte leur voix dans une correspondance cinglante adressée au directeur provincial. Le constat est amer : des cotisations perçues, mais aucune infrastructure médicale identifiée dans les 13 sous-divisions de la province. Les résolutions de Bibwa, adoptées en août 2024 à Kinshasa, restent lettres mortes dans ces contrées éloignées.
La grogne ne s’arrête pas aux seuls problèmes de santé. Deux mois d’arriérés de salaire alourdissent encore le fardeau de ces enseignants qui se sentent délaissés. « Les autres provinces ont été servies, pourquoi pas nous ? », lancent-ils, amers. Cette injustice apparente creuse un peu plus le fossé entre la capitale et l’arrière-pays.
Le préavis de grève, courant jusqu’au 15 octobre, laisse une fenêtre de négociation étroite. Le SYISOC réclame une rencontre urgente avec les autorités provinciales. Mais dans ces territoires où l’État semble absent, les espoirs de solution rapide s’amenuisent jour après jour.
Cette grève des enseignants de la Tshopo dépasse la simple revendication corporatiste. Elle révèle les failles béantes d’un système éducatif à deux vitesses, où le droit fondamental aux soins de santé devient un privilège. Comment bâtir l’avenir de la nation si ceux qui instruisent les générations futures ne peuvent même pas se soigner dignement ?
Les salles de classe vides de la province éducationnelle Tshopo 2 sonnent comme un avertissement : l’éducation ne peut fleurir sur le terreau de l’injustice et du mépris. Le compte à rebours est enclenché, et toute la région retient son souffle en attendant une réponse des autorités.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd