La rupture du pont Bundwe sur le fleuve Congo plonge la région de Bukama dans une crise multidimensionnelle sans précédent. Plus de trente poids lourds immobilisés, des centaines de voyageurs piégés et des flux économiques vitaux interrompus : telle est la lourde facture de cet effondrement qui expose au grand jour la vulnérabilité des infrastructures congolaises.
Comment une artère économique majeure peut-elle s’effondrer sans que des solutions d’urgence ne soient immédiatement déployées ? Cette question hante les esprits alors que le pont Bundwe, maillon crucial de la RN1 reliant le Haut-Lomami au Grand Kasaï, a cédé sous le poids des camions de plus de 50 tonnes. Un drame annoncé qui révèle l’état de délabrement avancé des infrastructures routières nationales.
Sur le terrain, la situation humanitaire devient alarmante. Environ 200 personnes, dont des enfants en bas âge, survivent dans des sites de fortune, exposés aux maladies hydriques et respiratoires. « Beaucoup n’ont plus à manger depuis des jours », témoignent des sources locales, décrivant des stocks d’eau et de nourriture épuisés. Cette paralysie du principal axe de circulation crée une véritable poche d’isolement aux conséquences sanitaires potentiellement graves.
L’impact économique s’avère tout aussi dévastateur. Le pont Bundwe constituait le principal point de passage pour les échanges commerciaux entre les provinces du Haut-Lomami, du Haut-Katanga, du Lualaba et la région du Grand-Kasaï. Aujourd’hui, les commerçants kasaïens ne peuvent plus effectuer leurs approvisionnements ni évacuer leurs marchandises. Les alternatives existent mais à quel prix ? Le recours aux pirogues et motos-taxi triple les coûts de transport, une surcharge qui se répercutera inévitablement sur les prix pour le consommateur final.
Face à cette crise, les autorités provinciales se sont mobilisées. Le gouverneur du Haut-Lomami, Marmont Banza Mulume, a personnellement alerté le ministre des Infrastructures, John Banza Lunda, lors d’une réunion à Kinshasa. La délégation a particulièrement insisté sur l’urgence de réhabiliter la route nationale RN1, artère économique vitale dont dépend toute la région. Des travaux avaient été promis pour cette semaine, mais sur le terrain, aucune équipe ni matériel n’est encore visible.
Cet effondrement pose une question fondamentale sur la priorité accordée aux infrastructures de désenclavement en RDC. La route nationale RN1 représente bien plus qu’une simple voie de circulation : elle incarne le lien vital entre les régions productrices et les bassins de consommation. Sa paralysie affecte directement la sécurité alimentaire, l’accès aux soins et la stabilité économique de toute une région.
Quelles leçons tirer de cette crise ? D’abord, la nécessité d’un programme national d’entretien préventif des infrastructures critiques. Ensuite, l’urgence de développer des solutions alternatives de transport fluvial sécurisé. Enfin, l’impérieuse obligation de réactivité des autorités face aux situations d’urgence. Le temps presse : chaque jour supplémentaire de blocage aggrave la crise humanitaire et creuse le manque à gagner économique.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd