Les rues de Matadi suffoquent sous le poids des immondices, une crise sanitaire qui transforme la capitale du Kongo-Central en paysage dystopique. Caniveaux obstrués, déchets ménagers et plastiques envahissant les artères principales, odeurs nauséabondes persistantes : le portrait d’une ville en lutte contre l’insalubrité galopante.
Le quartier Mongo, sur l’avenue Vivi, présente un spectacle désolant où les ordures débordent littéralement sur la chaussée. Au marché Nzanza, plastiques usés et déchets organiques forment un tapis immonde sous les pas des marchands et clients. Comment une ville portuaire stratégique peut-elle en arriver à un tel niveau de délabrement environnemental ?
La Route Nationale n°1, entre le rond-point Mvuadu et la place Coca, offre le triste spectacle de caniveaux transformés en dépotoirs sauvages. Pire encore, aux abords du stade Lumumba, les canalisations d’eau servent de déversoirs pour les matières fécales, créant un foyer potentiel d’épidémies.
Les initiatives passées – Matadi Propre, Matadi Bunkete, Salongo du samedi – semblent n’avoir été que des cautères sur une jambe de bois. L’échec de ces projets d’assainissement interroge sur la gestion des déchets à Matadi et révèle une crise environnementale plus profonde dans la région du Kongo Central.
Face à cette situation explosive, les habitants lancent un cri d’alarme légitime. L’approche de la saison des pluies ajoute une urgence supplémentaire : caniveaux obstrués signifient inondations garanties, avec son cortège de maladies hydriques et de contamination des nappes phréatiques.
Le maire Dominique Nkodia Mbete promet des travaux d’assainissement et le débouchage des caniveaux sur l’ensemble des quartiers. Mais la population, méfiante face aux promesses non tenues du passé, attend des actes concrets. La crédibilité des autorités urbaines se joue aujourd’hui dans leur capacité à résoudre cette crise environnementale.
La question dépasse la simple propreté des rues : il s’agit de santé publique, de préservation de l’environnement et de dignité humaine. Matadi, ville-carrefour économique, peut-elle continuer à s’enliser dans l’insalubrité sans compromettre son développement futur ?
La gestion des déchets à Matadi devient le symbole d’une bataille plus large pour l’assainissement en RDC. Une bataille où chaque citoyen a son rôle à jouer, mais où la responsabilité première incombe aux décideurs publics. Le temps n’est plus aux discours mais à l’action concrète, sous peine de voir la situation basculer dans l’irrémédiable.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net