Alors que le gouvernement congolais avait promis de prendre en charge intégralement les frais des examens certificatifs en Ituri, une région ravagée par les conflits, de nombreux parents se retrouvent contraints de payer des sommes parfois importantes. Comment expliquer cet écart entre les promesses officielles et la réalité sur le terrain ?
En juin 2025, le ministère de l’Éducation nationale avait pourtant publié une instruction formelle : tous les frais liés aux épreuves nationales – ENAFEP pour le primaire, TENASOSP pour le secondaire technique et l’Examen d’État – seraient intégralement subventionnés par l’État en Ituri. Une mesure saluée par les acteurs éducatifs, visant à garantir un accès équitable à l’éducation dans une province où la situation sécuritaire et socioéconomique reste extrêmement précaire.
Pourtant, plusieurs mois après cette annonce, les réalités divergent sensiblement. Des parents d’élèves finalistes témoignent avoir dû débourser entre 7 500 et 130 000 francs congolais selon les types d’examen. Pour l’ENAFEP, certains établissements exigent encore 7 500 FC, tandis que le TENASOSP est facturé autour de 35 000 FC. L’Examen d’État, lui, peut atteindre 130 000 FC – une somme considérable pour des familles déjà fragilisées par des années de violence et de précarité.
Face à ces contradictions, la colère monte. Daniel Masumbuko, acteur de la société civile de Walendu Bindi, interpelle les chefs d’établissement : « Il est inacceptable que des frais soient perçus alors que l’État s’est engagé à les couvrir. Nous demandons un remboursement immédiat pour toutes les familles concernées. »
Certains établissements auraient déjà commencé à procéder à des remboursements, mais ces initiatives restent isolées. La majorité des parents attendent toujours que la parole gouvernementale se concrétise. La question du remboursement ENAFEP et autres frais scolaires en Ituri cristallise ainsi un malaise plus profond : celui de l’application des décisions nationales dans des zones en crise.
Les enjeux sont multiples. Au-delà de l’aspect financier, c’est la crédibilité des institutions et l’accès à l’éducation qui sont en jeu. Comment garantir une scolarité sereine dans une région où l’école représente souvent un rare espoir de stabilité ? Les autorités provinciales et nationales sont attendues au tournant pour clarifier les modalités de prise en charge et assurer un suivi rigoureux de l’application de cette mesure.
Si la gratuité de l’examen état en RDC dans les zones conflictuelles constitue une avancée symbolique forte, sa mise en œuvre effective reste un défi de taille. La transparence et la redevabilité devront être au cœur des prochaines étapes pour éviter que de telles disparités ne persistent. L’éducation ne peut être un luxe – encore moins en Ituri.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net