La République Démocratique du Congo vient de franchir un cap historique avec l’adoption de la loi relative à la programmation de la réforme de la Police nationale congolaise. Promulguée en juillet 2025, cette législation ambitieuse engage le pays dans une transformation profonde de ses forces de sécurité sur une période de cinq ans, avec un budget colossal de 7.543 milliards de francs congolais. Mais derrière les chiffres impressionnants se cachent des défis de mise en œuvre qui interrogent.
Lors de l’ouverture de la session parlementaire de septembre, le président du Sénat, Sama Lukonde, a insisté sur l’urgence de concrétiser cette réforme police RDC. « Le Sénat salue la récente promulgation de la loi sur la programmation de la police nationale congolaise qui fixe un cadre pluriannuel pour le renforcement des capacités », a-t-il déclaré, tout en encourageant le gouvernement à accélérer sa mise en œuvre. Un plaidoyer qui résonne comme un avertissement discret sur les risques de lenteur administrative.
Le budget police congolaise prévu représente un engagement sans précédent pour la modernisation des forces sécurité. Comment ces fonds seront-ils effectivement déployés ? La loi programmation police prévoit des investissements structurants : construction de 1.046 commissariats, développement d’une industrie policière nationale, augmentation des écoles de formation et renforcement des unités spécialisées. Autant de projets qui pourraient radicalement transformer le paysage sécuritaire congolais.
La lutte contre la criminalité urbaine constitue l’un des enjeux majeurs de cette réforme. Les grandes villes de la RDC souffrent particulièrement de l’insécurité, et cette loi représente une réponse institutionnelle forte. Mais la modernisation technique et infrastructurelle suffira-t-elle à endiguer ce phénomène complexe ? La question de la « recevabilité de la Police et le partenariat police-population » apparaît comme l’un des axes stratégiques du texte, reconnaissant ainsi que l’équipement seul ne suffira pas.
Sama Lukonde a également évoqué la sécurisation des frontières, un dossier sensible dans une région marquée par l’instabilité. « La gestion efficace des frontières nationales représente un enjeu prioritaire face aux défis posés par les infiltrations et le trafic illicite », a souligné le président du Sénat. Cette dimension géostratégique ajoute une complexité supplémentaire à la réforme, nécessitant une coordination renforcée entre les différents services de l’État.
Le calendrier de mise en œuvre s’annonce particulièrement ambitieux. Former entre 5.000 et 10.000 policiers spécialisés en cinq ans, équiper 52 garages de maintenance provinciaux, et opérationnaliser une industrie policière : autant de défis qui requerront une gestion rigoureuse et transparente. La crédibilité de toute la réforme police RDC dépendra de la capacité à concrétiser ces engagements dans les délais impartis.
Alors que la RDC s’engage dans ce vaste chantier sécuritaire, les attentes de la population sont immenses. La réussite de cette modernisation des forces sécurité conditionnera non seulement la lutte contre la criminalité urbaine, mais aussi la légitimité de l’État dans sa fonction régalienne fondamentale. Le gouvernement joue donc un pari politique majeur, dont l’échec pourrait avoir des conséquences durables sur la confiance des citoyens envers leurs institutions.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd