La province du Sankuru, en République démocratique du Congo, fait face à une paralysie économique sans précédent suite à l’effondrement du pont Yengela sur la RN7. Cet incident critique, survenu il y a près de quinze jours, bloque intégralement l’axe vital Lodja-Bena Dibele, pourtant crucial pour les échanges commerciaux et le ravitaillement de toute la région.
Comment une infrastructure essentielle a-t-elle pu céder aussi brutalement ? Le pont Yengela, déjà structurellement affaibli, n’a pas résisté au passage d’un camion lourdement chargé en provenance de Bena Dibele. L’engin, immobilisé plusieurs jours dans la brèche, n’a été dégagé que grâce à l’intervention tardive de l’Office des routes. Depuis, la circulation est totalement interrompue sur cet axe de 150 kilomètres, isolant des communautés entières et provoquant une flambée des prix absolument dramatique.
Les conséquences économiques sont immédiates et sévères. Le carburant, élément vital pour le transport et les générateurs, voit son prix multiplié par trois, passant de 3 500 à 11 000 francs congolais le litre. Cette inflation galopante touche tous les secteurs, paralysant les activités commerciales, agricoles et même les projets d’infrastructure en cours. Les produits de première nécessité se font rares et leur coût devient prohibitif pour une population déjà vulnérable.
Le désastre dépasse la simple interruption du trafic. Le pont Yengela constituait un maillon stratégique pour l’acheminement des matériaux de construction destinés à la modernisation de l’aéroport de Lodja. Ce chantier, essentiel pour le désenclavement de la région, risque aujourd’hui de connaître des retards considérables, aggravant encore l’isolement du Sankuru.
Face à cette urgence, les autorités provinciales tentent de réagir. Les matériaux nécessaires à la construction d’un nouvel ouvrage sont annoncés comme étant arrivés au port de Bena Dibele. Mais leur simple présence suffit-elle ? Le directeur provincial de l’Office des routes lui-même souligne que le véritable défi réside dans la mobilisation des ressources financières pour lancer effectivement les travaux. Un gap budgétaire qui pourrait prolonger indéfiniment la crise.
Les acteurs locaux, commerçants et habitants, lancent un appel pressant aux gouvernements central et provincial. Ils réclament une intervention urgente pour rétablir la circulation et éviter une crise humanitaire. La situation actuelle n’est-elle pas le triste reflet des carences chroniques en matière d’entretien des infrastructures en RDC ? Cet effondrement pose une question fondamentale : jusqu’à quand les régions congolaises devront-elles subir les conséquences du sous-investissement dans leurs infrastructures routières ?
L’effondrement du pont Yengela est bien plus qu’un incident isolé ; c’est un symptôme alarmant de la fragilité des réseaux de transport en RDC. Sa réparation urgente n’est pas seulement une question de mobilité, mais une condition sine qua non pour la survie économique de toute une province. La balle est désormais dans le camp des autorités.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
