La reprise des hostilités entre l’armée congolaise et le groupe rebelle M23 dans l’est de la République démocratique du Congo fait peser une menace existentielle sur la filière café Arabica, pourtant en plein renouveau ces dernières années. Les provinces du Nord et Sud-Kivu, épicentre de cette production d’excellence, subissent de plein fouet les conséquences dévastatrices d’un conflit qui paralyse l’économie locale.
Selon les dernières estimations, plus de 60% des plantations de café Arabica RDC se trouvent directement impactées par les affrontements. Les routes commerciales vitales pour l’exportation café Kivu sont coupées, isolant les producteurs et bloquant l’écoulement des récoltes. Cette situation catastrophique met en péril des années d’investissements et d’efforts pour redynamiser une filière qui représentait encore récemment un espoir de développement pour toute la région.
« Nous assistons à un effondrement en chaine de toute l’économie caféière », déplore un expert économique local sous couvert d’anonymat. « Les coopératives ne peuvent plus acheminer leurs stocks, les acheteurs internationaux se détournent de la zone par crainte des risques, et les petits producteurs se retrouvent sans revenus après des mois de travail ». La crise café RDC actuelle risque ainsi d’annihiler les progrès accomplis depuis la pacification relative de la région en 2019.
Les conséquences économiques sont déjà tangibles : chute de 45% des volumes exportés au premier trimestre 2025, perte de débouchés sur les marchés premium européens, et dégradation accélérée de la qualité des grains due à l’impossibilité de réaliser les processus post-récolte dans des conditions optimales. L’économie Nord-Kivu, déjà fragilisée par des décennies de conflits, subit ainsi un nouveau choc dont elle aura du mal à se relever.
Face à cette situation d’urgence, les acteurs de la filière tentent de s’organiser. Des solutions alternatives d’évacuation par voie aérienne sont envisagées, mais leur coût prohibitif les réserve à de modestes volumes. La question se pose : comment maintenir vivante une production qui fait la renommée internationale du terroir congolais alors que la violence armée rend toute activité économique presque impossible ?
La communauté internationale, par le biais de la Banque mondiale et de l’Union européenne, avait pourtant investi plus de 20 millions de dollars ces cinq dernières années pour moderniser la filière. Ces investissements risquent aujourd’hui d’être réduits à néant par l’avancée des combats. Les enjeux dépassent largement le cadre économique : c’est toute la stabilité sociale de la région qui est en jeu, le café représentant pour des milliers de familles leur unique source de revenus légaux.
Alors que les négociations de paix piétinent, les professionnels du secteur lancent un appel désespéré pour la création de couloirs humanitaires permettant au moins d’évacuer les stocks existants. Sans réponse rapide à cette crise café RDC, c’est une expertise centenaire et un patrimoine agricole unique qui pourraient disparaître à jamais, victime collatérale d’un conflit qui n’en finit pas de ravager l’est du Congo.
Article Ecrit par Amissi G
Source: https://www.reuters.com/world/africa/congo-coffee-farmers-fear-war-will-undo-recent-gains-2025-09-15/?utm_source=chatgpt.com
