Après près de deux semaines de perturbation scolaire dans la région d’Oïcha, au cœur du territoire de Beni, les enseignants ont finalement décidé de suspendre leur mouvement de grève. Cette reprise des cours, effective depuis ce lundi 15 septembre 2025, intervient dans un contexte de fragilité tant éducative que sécuritaire, mais nourrit l’espoir d’une résolution progressive des problèmes qui minent le secteur éducatif local.
Qu’est-ce qui a motivé ce retour en classe alors que les revendications restent encore partiellement satisfaites ? Les pourparlers engagés entre les syndicats d’enseignants et les responsables de la mutuelle de santé semblent avoir joué un rôle déterminant. En effet, la question de l’assurance santé organisée pour les enseignants constitue l’un des points centraux des négociations. Les éducateurs, souvent confrontés à des conditions de vie précaires, réclament une amélioration tangible de leur situation socio-économique de la part du gouvernement congolais.
La concertation entre le SYECO (Syndicat des Enseignants du Congo) et le SYNECAT (Syndicat National des Enseignants Catholiques) a permis d’aboutir à cette décision commune de reprise. Ise Bako, secrétaire permanent du SYNECAT, appelle à la confiance : « Nous suspendons la grève et nous engageons dans des démarches continues avec les autorités de la province éducationnelle Nord-Kivu 2. » Un message similaire est porté par Justin Mbululi du SYECO, qui insiste sur la conscience professionnelle des enseignants et les progrès constatés dans les discussions.
Pourtant, derrière cet optimisme affiché se cache une réalité complexe. La reprise des cours à Oïcha et dans ses environs doit composer avec une situation sécuritaire particulièrement volatile. Les récentes attaques attribuées aux combattants ADF dans les quartiers Mbimbi et Mabasele, ainsi que dans d’autres localités avoisinantes, rappellent que la stabilité nécessaire au bon déroulement de l’année scolaire reste précaire. Comment assurer une éducation de qualité dans un environnement où la sécurité des élèves et des enseignants n’est pas garantie ?
La question de la mutuelle santé des enseignants en RDC dépasse le simple cadre corporatiste. Elle interroge la capacité des autorités à répondre aux besoins fondamentaux de ceux qui portent l’avenir du pays : les éducateurs. Si des avancées sont en cours, comme le soulignent les représentants syndicaux, il importe que ces promesses se concrétisent rapidement pour éviter de nouvelles interruptions.
La reprise annoncée est donc un premier pas, mais le chemin vers une normalisation durable du système éducatif dans le Nord-Kivu reste semé d’embûches. Entre attentes sociales et défis sécuritaires, les enseignants d’Oïcha tentent de naviguer dans un contexte où chaque jour de classe compte. L’engagement des syndicats et le dialogue avec les instances décisionnelles sont plus que jamais essentiels pour transformer l’espoir en réalité.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd
