La rentrée parlementaire en République Démocratique du Congo s’annonce sous de tumultueux auspices. Alors que députés et sénateurs reprennent ce lundi 15 septembre le chemin de l’hémicycle après trois mois de vacances, l’atmosphère politique est électrisée par des tensions internes qui pourraient remodeler le paysage institutionnel congolais.
Au cœur des préoccupations : les pétitions visant à destituer les bureaux des deux chambres. À l’Assemblée nationale, plus de 200 signatures – dépassant le seuil de recevabilité – ciblent directement le Président Vital Kamerhe et la Questeure Chimène Polipoli. Les griefs ? Une gestion financière qualifiée d’opaque, la négligence de la situation sociale des parlementaires, et des processus législatifs accusés de légèreté. Le député Crispin Mbindule, pourtant ancien allié de Vital Kamerhe, figure parmi les signataires, illustrant la profondeur des dissensions.
Le Sénat n’est pas épargné. Selon le sénateur Afani Idrissa Mangala, plus de 70 signatures ont déjà été recueillies contre son bureau, sur fond de reproches similaires. Cette crise politique interne survient dans un contexte national particulièrement fragile : l’Est du pays reste sous l’emprise de groupes rebelles soutenus par le Rwanda, tandis que la résurgence d’Ebola au Kasaï ajoute une dimension sanitaire alarmante.
Comment les parlementaires pourront-ils se concentrer sur les enjeux budgétaires dans un tel climat ? Le gouvernement table sur l’adoption d’un budget 2026 ambitieux, chiffré à 20,3 milliards USD, soit une hausse de 16,4% par rapport à 2025. Ce projet de loi de finances, déposé ce jour même, devra naviguer entre les exigences de transparence et les impératifs de développement national.
La session parlementaire RDC, essentiellement budgétaire, se tiendra jusqu’au 15 décembre. Elle devra également assurer le contrôle de l’action gouvernementale et rationaliser l’appareil étatique. Mais avec des bureaux menacés de destitution et une majorité fragilisée, l’équation politique semble des plus complexes. Le président Kamerhe joue gros : sa capacité à surmonter cette crise définira non seulement son leadership, mais aussi la stabilité institutionnelle du pays.
Dans un pays où la crise politique Congo persiste et où les défis sécuritaires et humanitaires s’accumulent, cette session ordinaire pourrait bien déterminer l’orientation politique des prochains mois. Les pétitions à l’Assemblée nationale ne sont pas qu’un simple remous parlementaire ; elles symbolisent une défiance croissante qui pourrait reconfigurer les alliances et les priorités législatives.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd