Après deux semaines d’angoisse et d’incertitude, les cloches des écoles vont enfin retentir dans la localité de Nizi, en territoire de Djugu. Cette rentrée scolaire tant attendue, initialement prévue pour début septembre, intervient dans un contexte sécuritaire encore fragile mais suffisamment amélioré pour permettre la reprise des activités pédagogiques.
Comment assurer une éducation continue dans une zone marquée par les conflits armés ? La question hante tous les acteurs du secteur éducatif de l’Ituri. Les récentes attaques des groupes armés, notamment ceux affiliés à la Convention pour la révolution populaire (CRP) de Thomas Lubanga et aux miliciens du groupe Zaïre, avaient contraint des milliers de familles à fuir leurs foyers, paralysant ainsi tout le système scolaire local.
L’axe Nizi-Mabanga-Dala, ainsi que les localités d’Iga Barrière et Lopa, représentent le cœur de cette reprise scolaire. Ces zones, précédemment théâtres d’affrontements entre les FARDC et les milices, retrouvent aujourd’hui une relative quiétude. Le retour progressif des déplacés internes symbolise l’espoir renaissant d’une normalisation de la vie sociale et éducative.
Apollinaire Madye Lowa Mandje, responsable de la sous-division éducative de Nizi, insiste sur l’urgence de rattraper le retard accumulé. « Chaque jour perdu représente un défi supplémentaire pour la complétion des programmes scolaires », souligne-t-il, tout en appelant les parents à envoyer massivement leurs enfants vers les salles de classe.
La sécurité reste évidemment la préoccupation majeure. Les Forces armées de la RDC (FARDC) ont déployé des dispositifs spécifiques pour protéger les établissements scolaires et garantir le bon déroulement des cours. Cette protection militaire constitue un élément crucial pour rassurer les populations encore traumatisées par les violences passées.
Mais au-delà des mesures sécuritaires, c’est toute la communauté éducative qui doit se mobiliser. Enseignants, parents et autorités locales font face à un défi multidimensionnel : rattraper le retard académique tout en gérant les séquelles psychologiques des conflits chez les élèves.
Le calendrier scolaire adapté devra tenir compte de ces réalités complexes. Les programmes devront peut-être être repensés pour intégrer des aspects psychosociaux, tandis que la formation des enseignants à la gestion des traumatismes devient une nécessité impérieuse.
Cette rentrée scolaire à Nizi représente bien plus qu’une simple reprise des cours. Elle symbolise la résilience d’une communauté déterminée à reprendre le contrôle de son avenir à travers l’éducation de ses enfants. Le succès de cette initiative dépendra de la pérennisation de la sécurité et de l’engagement continu de tous les acteurs concernés.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net
