Des centaines de filets de pêche prohibés ont été réduits en cendres ce samedi 13 septembre à Tchomia, sur les rives du lac Albert. Cette opération spectaculaire marque un tournant dans la lutte contre la pêche illégale qui menace l’écosystème fragile de ce plan d’eau transfrontalier.
Comment en sommes-nous arrivés à devoir incendier l’outil de travail des pêcheurs pour sauver leur propre avenir ? La réponse se trouve dans l’utilisation croissante de filets à mailles interdites, véritables armes de destruction massive pour la biodiversité aquatique. Ces filets, souvent fabriqués à partir de moustiquaires, capturent indistinctement poissons adultes et juvéniles, empêchant toute régénération des espèces.
Jean-Henri Kakura Unjoka, responsable de l’unité de surveillance lacustre, alerte sur l’urgence de la situation : « Chaque filet à petite maille utilisé représente un coup porté à la reproduction halieutique. Nous assistons impuissants à l’asphyxie progressive de notre lac ».
Depuis plus d’un mois, une véritable traque s’est organisée sur les eaux du lac Albert. Services de sécurité et surveillants lacustres unissent leurs efforts pour traquer les pêcheurs fraudeurs. Le but : sauver les fretins, ces poissons de très petite taille dont la capture condamne l’avenir de toute la chaîne alimentaire aquatique.
La réglementation congolaise est pourtant claire : l’usage de ces filets prohibés constitue une violation flagrante des textes en vigueur. Mais face à la précarité économique, nombreux sont les pêcheurs tentés par ces pratiques destructrices. Pourtant, n’est-ce pas précisément cette logique à court terme qui condamne leurs propres enfants à devoir un jour quitter ces rives appauvries ?
Le lac Albert, trésor halieutique partagé avec l’Ouganda, représente bien plus qu’une simple étendue d’eau. Il constitue le poumon économique de toute une région, la principale source de protéines pour des milliers de familles et le garant de la sécurité alimentaire locale. Sa protection devient donc une question de survie pour les communautés riveraines.
Cette opération d’incinération massive envoie un signal fort aux pêcheurs illégaux. Mais au-delà de la répression, c’est toute une pédagogie qu’il faut重建. Sensibiliser, former, accompagner la transition vers des pratiques durables : tel est le véritable défi qui attend les autorités de l’Ituri.
La destruction des filets prohibés à Tchomia n’est qu’une bataille dans une guerre plus large pour la protection des ressources halieutiques de la RDC. Un combat où l’enjeu dépasse la simple conservation environnementale pour toucher à la prospérité économique et à la stabilité sociale de toute une région.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net