Comment assurer une éducation de qualité quand les enseignants doivent cesser le travail pour faire entendre leurs revendications ? La question se pose avec acuité à Oïcha, dans le territoire de Beni, où les cours ont enfin repris après quinze jours de grève menée par le Syndicat des Enseignants du Congo (SYECO). Cette interruption, qui a frappé de plein fouet la rentrée scolaire 2024-2025, aura privé des milliers d’élèves de précieuses heures d’apprentissage.
Le mouvement de grève des enseignants à Beni, déclenché le 31 août dernier, reposait sur des revendications légitimes : mécanisation des nouvelles unités, mutualisation des professionnels de l’enseignement et établissement d’un salaire minimum à 500 dollars mensuels. Des demandes qui traduisent une précarité persistante du corps enseignant dans cette région du Nord-Kivu, pourtant essentielle à l’avenir des jeunes générations.
« Nous avons décidé de reprendre le travail pour ne pas sacrifier l’année scolaire de nos élèves », confie un enseignant sous couvert d’anonymat. « Mais notre combat continue. Comment voulez-vous que nous exercions dans de bonnes conditions sans une rémunération décente ? » Cette reprise des cours à Oïcha s’apparente donc à une trêve plutôt qu’à une résolution définitive du conflit.
La situation s’était encore complexifiée avec le ralliement des inspecteurs de l’enseignement au mouvement, créant une paralysie complète du système éducatif local. Parents et élèves ont vécu ces deux semaines dans l’incertitude, partagés entre le soutien aux revendications des enseignants et la crainte de voir l’année scolaire compromise.
La reprise des activités scolaires dans la sous-division d’Oïcha représente un soulagement pour toute la communauté éducative. Mais elle ne doit pas faire oublier l’urgence d’une réponse structurelle aux problèmes soulevés. Le territoire de Beni, déjà éprouvé par un contexte sécuritaire difficile, mérite une attention particulière pour son système éducatif.
Cette grève des enseignants à Beni soulève une question fondamentale : jusqu’à quand l’éducation restera-t-elle le parent pauvre des politiques publiques en RDC ? La reprise des cours à Oïcha ne doit être qu’une première étape vers un dialogue constructif entre le gouvernement, le SYECO et l’ensemble des acteurs du secteur.
Alors que les élèves retrouvent le chemin des salles de classe, l’espoir demeure que cette crise aura servi de électrochoc pour une véritable réflexion sur l’amélioration des conditions de travail des enseignants et, par extension, de la qualité de l’enseignement dans le Nord-Kivu.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
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