Une tragédie frappe une fois de plus les populations vulnérables du Nord-Kivu. Ce jeudi 11 septembre, un éclair meurtrier s’est abattu sur la cité de Pinga, emportant la vie d’une enfant de 10 ans et laissant trois autres personnes entre la vie et la mort. Comment une simple averse peut-elle se transformer en cauchemar pour des familles déjà éprouvées par des années de conflit ?
Les témoins décrivent une scène de chaos. « Nous étions réfugiés dans la maison pour échapper à la pluie quand soudain un flash aveuglant a traversé la pièce », raconte un voisin sous le choc. « Le bruit était assourdissant, puis nous avons vu les corps sans vie de la petite et les autres inconscients. »
La jeune victime, dont le nom n’a pas été divulgué, appartenait à ces milliers de déplacés fuyant les violences de la rébellion du M23. Venue de Mpety avec sa famille, elle cherchait refuge à Pinga, mais le destin en a décidé autrement. Son décès rappelle cruellement la double peine subie par ces populations : fuir la guerre pour affronter d’autres dangers.
À l’hôpital général de référence de Pinga, le personnel médical se débat avec des moyens limités. « Les trois blessés sont dans un état critique », confie une source sanitaire sous couvert d’anonymat. « Nous faisons ce que nous pouvons, mais nos capacités sont insuffisantes face à ce genre d’urgence. » Leur pronostic vital reste engagé, plongeant leurs proches dans une attente angoissante.
Cet accident foudre en RDC n’est malheureusement pas un cas isolé. Il y a à peine deux semaines, deux pasteurs trouvaient la mort dans des circonstances similaires à Mandje, toujours dans le territoire de Walikale. Une répétition macabre qui interpelle sur les risques climatiques dans cette région.
Les spécialistes pointent du doigt plusieurs facteurs. La déforestation massive, l’absence de paratonnerres dans les zones habitées, et la précarité des constructions exposent davantage les populations. Mais au-delà des causes naturelles, c’est toute la question de la protection des civils qui se pose. Pourquoi les déplacés de guerre doivent-ils encore subir de tels drames ?
Les conditions de vie précaires dans les sites d’accueil, le manque d’infrastructures adaptées et la faible couverture médicale créent un terrain propice aux catastrophes. Les victimes des intempéries au Nord-Kivu sont souvent celles qui ont déjà tout perdu. Cette accumulation de malheurs dessine le visage d’une crise humanitaire aux multiples facettes.
Les autorités locales se disent conscientes du problème mais peinent à apporter des solutions concrètes. Entre les urgences sécuritaires et les défis sanitaires, la prévention des risques climatiques semble passer au second plan. Pourtant, chaque vie perdue devrait sonner comme un avertissement.
La communauté internationale, présente massivement dans l’est de la RDC, pourrait-elle faire plus ? L’intégration de normes de construction anti-foudre dans les sites de déplacés, la sensibilisation des populations aux gestes qui sauvent lors des orages, ou le renforcement des services météorologiques représentent autant de pistes à explorer.
En attendant, les familles de Pinga enterrent leur enfant dans la douleur. Cette fillette, symbole des innocents pris entre guerre et éléments déchaînés, nous rappelle l’urgence d’agir. Protéger les civils ne se limite pas à les mettre à l’abri des balles, mais aussi à leur offrir des conditions de vie dignes et sécurisées. Le défi est immense, mais chaque vie épargnée vaudra tous les efforts.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
