Alors que la rentrée parlementaire du 15 septembre approche à grands pas, l’Assemblée nationale de la République Démocratique du Congo se trouve prise dans un tourbillon politique dont l’issue pourrait redéfinir les équilibres du pouvoir. Le président de l’institution, Vital Kamerhe, mène une contre-offensive acharnée face à une motion de destitution qui menace son perchoir. Derrière les accusations de gestion opaque et de suppression des avantages parlementaires se cachent-ils des calculs politiques plus obscurs?
Depuis mercredi, le leader de l’UNC a initié des consultations frénétiques avec les différents caucus parlementaires. Objectif avoué : étouffer la fronde qui grossit dans les couloirs de la Chambre basse. Sources parlementaires rapportent des discussions tendues où les élus n’ont pas mâché leurs mots, reprochant à Kamerhe son isolement progressif et son manque d’humanisme comparé à sa période sous Joseph Kabila.
Pourtant, la stratégie du président de l’Assemblée nationale semble porter ses premiers fruits. Les groupes du Grand Kasaï et de la Grande Orientale se sont engagés à respecter les recommandations du chef de l’État pour une rentrée apaisée. Une percée significative qui démontre la capacité de résilience politique de l’élu de Bukavu.
Mais les frondeurs, déterminés, affirment avoir recueilli plus de deux cents signatures pour leur pétition de destitution. La stratégie des anti-Kamerhe a évolué depuis l’incident de l’hôtel Everest : le document est désormais gardé comme « le diamant », selon nos informations. Leur détermination semble intacte, malgré les tentatives de conciliation.
La crise à l’Assemblée nationale RDC prend une dimension particulière avec l’entrée en scène de l’UDPS-Tshisekedi. Les pétitionnaires ont sollicité mercredi le soutien officiel du parti présidentiel par l’intermédiaire de son secrétaire général, Augustin Kabuya. Ce dernier a soufflé le chaud et le froid, reconnaissant l’autonomie parlementaire tout en promettant de consulter le président Tshisekedi.
Dans l’entourage de Kamerhe, on dénonce une « motion alimentaire » où certaines signatures auraient été monnayées jusqu’à 2 000 dollars. Les griefs avancés – gestion des finances, véhicules de fonction, soins médicaux – masqueraient en réalité des frustrations liées à des promesses non tenues concernant les émoluments et les avantages matériels.
Au-delà des aspects sordides, la destabilisation de Kamerhe pose une question fondamentale : la RDC peut-elle se permettre une crise institutionnelle majeure alors que le pays traverse des défis sécuritaires et sociaux sans précédent? L’éviction du leader swahiliphone risquerait de fragiliser la cohésion nationale et d’offrir à l’opposition des arguments sur la marginalisation de l’Est du pays.
La prochaine réunion interinstitutionnelle s’annonce décisive. Kamerhe compte exposer directement au président Tshisekedi les difficultés financières qui entravent son action, se présentant comme moins nanti que son prédécesseur Mboso. Une manière habile de retourner le fer dans la plaie et de questionner les véritables motivations de ses détracteurs.
Le sort du bureau de l’Assemblée nationale se jouera donc dans les prochains jours, entre manœuvres de couloir, loyalisme partisan et calculs géopolitiques. Une chose est certaine : cette crise révèle les fractures profondes qui traversent la majorité présidentielle et questionne la solidité des alliances qui portent le régime Tshisekedi.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net