La République Démocratique du Congo s’apprête à opérer un virage stratégique majeur dans sa politique budgétaire pour 2026. Les récentes discussions avec le Fonds Monétaire International (FMI) ont abouti à une orientation claire : prioriser massivement l’investissement public pour stimuler une croissance économique atone et moderniser des infrastructures défaillantes. Cette décision, intervenue lors de la seconde réunion de la Troïka politique, marque un tournant dans la gestion des finances publiques congolaises.
Le ministre des Finances, Doudou Fwamba, a défendu cette approche lors des négociations, soulignant que « l’État doit devenir un catalyseur d’investissements structurants ». Les secteurs ciblés ? La santé, le développement rural, les infrastructures de base et l’éducation. Une stratégie qui vise à créer un effet de levier pour attirer les investisseurs privés, souvent réticents face aux carences infrastructurelles chroniques du pays.
Concrètement, quel impact pour les Congolais ? Le budget 2026 prévoit le déblocage de fonds conséquents pour la construction et la réhabilitation des routes de desserte agricole, véritable colonne vertébrale du désenclavement des zones rurales. L’électrification rurale et l’adduction d’eau potable figurent également parmi les priorités, tout comme l’amélioration des infrastructures scolaires dans les régions reculées. Autant de projets qui pourraient significativement améliorer les conditions de vie des populations.
Sur le plan macroéconomique, cette orientation budgétaire s’inscrit dans le cadre des programmes FEC (Facilité élargie de crédit) et FRD (Facilité de résilience et durabilité) du FMI. La Première ministre Judith Suminwa Tuluka supervise personnellement cette refonte budgétaire, consciente des enjeux : réussir la deuxième revue des programmes prévue en octobre 2025 est crucial pour maintenir la confiance des partenaires financiers internationaux.
Mais cette politique d’investissement massif soulève des questions. Comment garantir l’efficacité des dépenses publiques dans un contexte où la corruption reste endémique ? La modernisation de la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique, également prévue au budget 2026, constitue une réponse à cette préoccupation. L’objectif : rendre plus transparente et efficiente l’exécution des dépenses publiques.
La sécurité, autre défi majeur, n’est pas oubliée. Le gouvernement entend augmenter les dépenses sécuritaires, particulièrement dans l’Est du pays, où l’insécurité freine depuis des décennies le développement économique. Stabiliser ces zones est perçu comme un préalable indispensable à tout investissement durable.
En parallèle, la diversification économique reste au cœur des préoccupations. Le secteur agricole, l’entrepreneuriat local et le tourisme bénéficieront de mesures d’accompagnement, dans l’espoir de réduire la dépendance aux industries extractives et de créer des emplois non-dépendants des fluctuations des cours mondiaux.
Ce budget 2026 représente-t-il une rupture avec les pratiques passées ? Sans doute. Mais sa réussite dépendra de la capacité de l’État à exécuter efficacement ces investissements et à en assurer le suivi. Le partenariat avec le FMI apporte un cadre technique et des garde-fous, mais la balle est dans le camp des institutions congolaises. La population, elle, attend des résultats concrets : des routes praticables, des écoles dignes, des centres de santé équipés. Le défi est de taille, mais les enjeux justifient l’ambition affichée.
Article Ecrit par Amissi G
Source: https://www.radiookapi.net/actualite
