La prison centrale de Kalima, dans la province du Maniema, fait face à une crise humanitaire alarmante qui met en lumière les défaillances structurelles du système carcéral congolais. Selon un rapport accablant de l’ONG Agir pour la reconstruction de notre espace et la convivialité, les conditions de détention dans cet établissement pénitentiaire constituent une violation flagrante des droits fondamentaux des détenus.
Les investigations menées sur place révèlent une situation dramatique où les prisonniers survivent dans des conditions inhumaines. L’absence de nourriture suffisante et de prise en charge médicale élémentaire expose les détenus à des risques sanitaires graves, remettant en cause leur droit à la dignité et même à la survie. Comment un État de droit peut-il tolérer de telles conditions de détention qui s’apparentent à un traitement cruel et dégradant ?
L’infrastructure carcérale elle-même témoigne d’un abandon inquiétant. Avec seulement six latrines dans un état de délabrement avancé, deux barza impropres à l’usage et des installations administratives dépourvues de portes et fenêtres, l’établissement ne répond plus aux standards minimums requis. La source d’eau potable fait défaut, aggravant les risques sanitaires dans un environnement déjà précaire.
La surpopulation carcérale et la mixité des statuts judiciaires posent des problèmes supplémentaires. Les détenus, qu’ils soient en attente de jugement ou déjà condamnés, subissent les mêmes conditions de privation. Le dysfonctionnement du tribunal de paix et du tribunal de grande instance de Kalima prolonge indûment la détention provisoire de nombreux inculpés, créant une situation d’incarcération sans perspective judiciaire claire.
La situation du personnel pénitentiaire n’est guère plus enviable. Les agents, non rémunérés régulièrement, voient leur motivation et leur capacité à assurer la sécurité de l’établissement gravement compromises. Cette précarité a déjà conduit à trois évasions successives ces derniers mois, mettant en évidence la vulnérabilité du système de surveillance.
Face à cette crise, les autorités provinciales affirment suivre la situation de près. Le ministre provincial de la Justice, Georges Kasongo wa Muya, reconnaît l’état « indescriptible » des prisons du Maniema et annonce des mesures planifiées pour améliorer les conditions carcérales dans la province. Le gouvernement central serait associé à ces efforts de réhabilitation, mais les actions concrètes se font toujours attendre.
La réhabilitation des prisons congolaises représente un défi majeur pour les autorités tant provinciales que nationales. Au-delà des simples travaux d’infrastructure, c’est toute une réflexion sur le système pénitentiaire qui doit être engagée. Comment garantir des conditions de détention respectueuses des droits humains tout en assurant la sécurité et la justice ?
L’appel lancé par l’ONG pour une implication urgente des partenaires techniques et financiers souligne l’ampleur des besoins. La reconstruction du système carcéral nécessite des investissements substantiels et une volonté politique affirmée. La situation à Kalima n’est malheureusement pas isolée et reflète les difficultés persistantes du système carcéral en République Démocratique du Congo.
Alors que les autorités promettent des améliorations, les détenus de Kalima continuent de dormir à même le sol, sans accès aux soins médicaux les plus élémentaires. Le décalage entre les déclarations d’intention et la réalité du terrain interroge sur la capacité réelle des institutions à transformer profondément les conditions de détention dans l’ensemble du pays.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net