L’exposition GENOCOST, dédiée à la mémoire des victimes du génocide économique en République démocratique du Congo, a fermé ses portes ce mercredi 10 septembre à Genève après trois jours de présentation sur la Place des Nations. Cette initiative du Fonds national des réparations des victimes (FONAREV) s’inscrivait en marge de la 60e session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, créant ainsi un espace de dialogue entre l’art, la mémoire et la justice internationale.
À travers une série d’œuvres poignantes réalisées par des artistes congolais, l’exposition a mis en lumière les souffrances endurées par les femmes, les enfants et les familles déchirées par des conflits armés persistants. Ces créations artistiques servaient de témoignages visuels des crimes contre l’humanité perpétrés en RDC, offrant une matérialisation concrète de douleurs souvent invisibilisées dans les rapports officiels.
Le ministre d’État à la Justice, Guillaume Ngefa, présent lors de l’événement, a souligné l’importance capitale de cette démarche mémorielle. « Chaque témoignage entendu est un appel à la vérité, à la mémoire et à une paix fondée sur la justice », a-t-il déclaré, rappelant que les récits partagés ne relèvent pas du passé mais reflètent la réalité actuelle de milliers de Congolais.
Cette exposition s’inscrit dans une stratégie plus large de plaidoyer international menée par les autorités congolaises. Comment ignorer l’urgence d’une réponse concertée face à l’ampleur des violations documentées ? La question des réparations pour les victimes de violences sexuelles liées aux conflits et d’autres crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité reste plus que jamais d’actualité.
Pendant trois jours, les visiteurs ont pu contempler des installations multimédias, des photographies et des peintures qui racontent l’indicible. L’objectif avoué des organisateurs : ouvrir les yeux de la communauté internationale, toucher les consciences et éveiller les solidarités. Le FONAREV, par cette action, cherche à briser le silence entourant ce que certains qualifient de génocide économique.
La localisation stratégique de l’exposition, au cœur de Genève et à proximité immédiate des institutions onusiennes, n’est pas fortuite. Elle traduit une volonté délibérée d’interpeller directement les mécanismes internationaux de protection des droits humains. Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU représente-t-il véritablement un levier efficace pour faire avancer la justice en RDC ?
Dans son intervention finale, le ministre Ngefa a insisté sur la nécessité d’une approche inclusive et non comparative. « Il ne s’agit pas de comparer les douleurs ni d’opposer les communautés. Il s’agit de dire la vérité, de réclamer justice et d’exiger une solidarité internationale ». Cette déclaration forte résume l’essence même de la démarche entreprise par le gouvernement congolais.
L’exposition GENOCOST marque ainsi une étape significative dans la reconnaissance internationale des crimes commis en RDC. Elle ouvre la voie à des discussions plus approfondies sur les mécanismes de réparation et de justice transitionnelle. La route vers la reconnaissance pleine et entière des souffrances congolaises reste longue, mais cette initiative constitue un jalon important dans ce processus complexe.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net