Dans les collines verdoyantes du groupement d’Ikobo, au territoire de Walikale, une crise silencieuse frappe des milliers de familles. Imaginez-vous devoir parcourir des kilomètres sous un soleil de plomb pour trouver une eau souvent impropre à la consommation. C’est le quotidien de près de 14 000 habitants depuis un mois, privés d’eau potable suite à des pannes répétées du réseau d’adduction.
« Le besoin le plus urgent, c’est celui de l’eau potable », alerte Grace Burutere, leader communautaire et membre de la société civile de Buleusa. Sa voix porte l’exaspération de toute une communauté abandonnée à son sort. Comment une région aussi riche en ressources naturelles peut-elle manquer de l’élément le plus fondamental pour la survie ?
Les localités de Buleusa, Katrisa, Kilambo, Bukumbirwa, Rusamambu et Bushimba sont les plus touchées par cette pénurie d’eau au Nord-Kivu. Les femmes et les enfants, traditionnellement chargés de la corvée d’eau, voient leur sécurité compromise par des trajets toujours plus longs et dangereux. Les conséquences sur la santé publique sont déjà visibles : maladies hydriques en augmentation, conditions d’hygiène précaires, et une vulnérabilité accrue face aux épidémies.
L’origine de cette crise remonte aux affrontements entre les rebelles du M23 et les groupes d’auto-défense locaux. Le point de captage d’eau, situé sur le mont Mulema, avait subi d’importants dégâts durant les combats. Depuis, l’organisation COGEP Nord-Kivu tente désespérément de effectuer des réparations, mais ses moyens techniques limités rendent la tâche presque impossible.
La situation révèle un problème plus profond : l’accès à l’eau potable en RDC reste un défi majeur, particulièrement dans les zones rurales et conflictuelles. Alors que les autorités promettent régulièrement des solutions durables, les populations continuent de souffrir au quotidien. Où sont passés les engagements pris en matière de développement des infrastructures de base ?
La société civile locale, noyau de Buleusa, lance un appel pressant aux autorités et aux partenaires internationaux. Grace Burutere insiste sur l’urgence d’appuyer l’initiative de la COGEP en la dotant d’une machine de fusion, qui permettrait des interventions rapides en cas de pannes. Sans cet appui technique, les réparations restent provisoires et la population condamnée à revivre régulièrement le même calvaire.
Cette crise de l’eau à Ikobo soulève des questions fondamentales sur la gouvernance des ressources et la priorité accordée aux besoins essentiels des populations. Alors que la région du Nord-Kivu continue de faire face à des défis sécuritaires complexes, l’accès à l’eau potable reste pourtant la préoccupation première des communautés. Quand donc les autorités comprendront-elles que sans eau, il ne peut y avoir ni paix ni développement durable ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net