Une nouvelle opération de rapatriement volontaire de réfugiés rwandais s’est déroulée ce mardi 9 septembre 2025 à la Grande Barrière de Goma, dans la province troublée du Nord-Kivu. Sous la supervision conjointe du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), des autorités de la rébellion de l’AFC/M23 et du gouvernement rwandais, 284 personnes ont franchi la frontière vers le Rwanda. Cette opération s’inscrit dans un processus plus large de solutions durables pour les réfugiés, mais soulève des questions sur les conditions réelles de ces déplacements.
Selon les chiffres officiels du HCR, le convoi était composé de 20 hommes, 72 femmes, 89 jeunes garçons et 103 jeunes filles, accompagnés de quatre encadreurs dont trois femmes congolaises mariées à des hommes rwandais. Les sources de l’AFC/M23 affirment que la majorité de ces réfugiés étaient des dépendants d’anciens combattants des Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR), installés en République Démocratique du Congo depuis plusieurs décennies.
Ce flux migratoire s’inscrit dans un processus continu initié en mai dernier, qui a déjà permis le rapatriement de plus de 4 000 Hutus rwandais depuis le territoire congolais en 2025. Eijun Byun, chargée de communication du HCR basée à Genève, insiste sur le caractère volontaire de ces opérations : « Le rapatriement ne peut être durable que s’il est librement consenti et accompagné de garanties de sécurité ». Cette déclaration intervient dans un contexte où la question de la migration volontaire au Nord-Kivu reste particulièrement sensible.
Le HCR précise que ces opérations s’inscrivent dans son mandat de recherche de solutions durables pour les réfugiés rwandais. Récemment, le Haut-Commissaire Filippo Grandi avait effectué une visite d’une semaine en RDC et au Rwanda, aboutissant à une conférence de presse conjointe avec le Vice-Premier ministre congolais de l’Intérieur et de la Sécurité. Lors de cet événement, M. Grandi s’était félicité de l’entente entre Kinshasa et Kigali, qui avait permis le rapatriement de plus de 500 réfugiés rwandais fin août.
Mais derrière ces chiffres encourageants se cache une réalité complexe. Comment garantir véritablement le caractère volontaire de ces rapatriements dans une région en proie à l’insécurité et aux conflits armés ? Les conditions de sécurité sont-elles suffisantes pour assurer la protection des retournés ? Le HCR affirme travailler main dans la main avec les autorités pour assurer le respect des principes humanitaires internationaux.
Cette opération de rapatriement de réfugiés à partir de Goma illustre les défis persistants de la crise des Grands Lacs. Alors que le processus se poursuit, la communauté internationale observe avec attention l’évolution de cette situation humanitaire complexe, où les considérations politiques se mêlent souvent aux impératifs humanitaires. L’équilibre entre souveraineté nationale et protection des droits des réfugiés reste un enjeu majeur pour la stabilisation de la région.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd