Dans les territoires du Nord-Kivu, le système éducatif vit une paralysie sans précédent. Depuis le 1er septembre 2025, les salles de classe sont vides, les cours suspendus, et des milliers d’élèves errent désœuvrés. La raison ? Une grève massive des enseignants, excédés par des mois de salaires et primes impayés. Comment en est-on arrivé là ?
« Nous avons atteint un point de rupture », confie Félix Gakiza, secrétaire territorial du SINEPP à Rutshuru. « Certains collègues n’ont pas perçu leur salaire depuis huit mois. La prime de gratuité et les frais de fonctionnement sont bloqués depuis sept mois. Comment voulez-vous que nous nourrissions nos familles ? Comment motiver les enseignants à faire leur travail sans rémunération ? »
Les conséquences sont dramatiques. À Walikale, Masisi et Rutshuru, les écoles publiques et conventionnées restent portes closes. Les parents s’inquiètent pour l’avenir de leurs enfants. « Mes deux fils sont à la maison depuis deux semaines », déplore un parent à Rutshuru. « Chaque jour perdu creuse un peu plus le fossé de l’inégalité. L’État nous abandonne. »
Face à cette crise, Caritas/Goma, structure en charge du paiement des enseignants, reconnaît le problème mais peine à apporter des solutions concrètes. L’abbé Toussaint Serutoke, son administrateur, évoque des « résolutions prises avec le gouvernement » mais sans calendrier précis. Une réponse qui sonne creux pour des enseignants épuisés par des années de promesses non tenues.
Cette grève des enseignants du Nord-Kivu n’est pas un simple mouvement social ; c’est le symptôme d’un système éducatif en déliquescence. Alors que la RDC mise sur l’éducation pour son développement, des régions entières sont privées d’école. Jusqu’à quand ?
La situation à Rutshuru est particulièrement critique. Ici, le syndicat des enseignants exige le paiement intégral des arriérés avant toute reprise. « Nous ne plierons pas », assure Félix Gakiza. « Sans salaire, pas de cours. C’est une question de dignité. »
Entre colère et désespoir, les enseignants congolais rappellent une évidence : sans éducation, aucun avenir n’est possible. Le gouvernement parviendra-t-il à entendre leur cri d’alarme ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net