La Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) de la République démocratique du Congo a porté la voix des victimes de l’Est du pays devant la 60e session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève. Par la voix de son président Paul Nsapu, l’institution nationale a exigé une justice impartiale pour les crimes commis dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Devant les représentants internationaux, Paul Nsapu a formulé des attentes précises : « Nous attendons de cette session le soutien à la lutte contre l’impunité afin que les responsables de violations graves des droits humains, d’où qu’ils viennent, puissent répondre de leurs actes devant la justice. Mais aussi un renforcement de l’assistance aux victimes, et une pression internationale pour mettre fin au soutien extérieur aux groupes armés. » Cette déclaration intervient dans un contexte où plusieurs rapports onusiens et d’organisations internationales documentent des exactions attribuées à diverses parties au conflit.
La CNDH RDC réclame des mécanismes contraignants pour garantir que les auteurs de violations – qu’ils appartiennent aux groupes armés comme l’AFC/M23 ou aux forces régulières – soient déférés devant la justice congolaise ou internationale. Comment en est-on arrivé à une situation où l’impunité semble être la règle plutôt que l’exception dans l’Est de la RDC ? La réponse se trouve peut-être dans la complexité des dynamiques conflictuelles et les intérêts géostratégiques qui dépassent les frontières nationales.
Les rapports cités par le président de la CNDH mettent en cause de multiples acteurs. La rébellion AFC/M23 est accusée d’exactions contre les civils, certains éléments des FARDC sont pointés du doigt pour leur manquement aux règles d’engagement, et les combattants Wazalendo font l’objet de critiques pour leurs méthodes. Cette pluralité d’acteurs armés complique considérablement le travail de documentation et de poursuite judiciaire.
La session du Conseil des droits de l’homme, qui se déroule jusqu’au 8 octobre, représente une opportunité cruciale pour la RDC. Avec 37 débats interactifs prévus et l’examen de plus de 60 rapports sur la situation des droits humains dans plus de 40 pays, la communauté internationale dispose d’un cadre adéquat pour apporter des réponses concrètes aux souffrances des populations civiles congolaises.
La question qui se pose désormais est de savoir si les recommandations qui émaneront de cette session auront la force nécessaire pour contraindre les parties prenantes à respecter le droit international humanitaire. Le président de la CNDH a été clair : il faut des mécanismes de suivi robustes et un engagement ferme de la communauté internationale pour mettre fin à l’impunité des groupes armés en RDC.
Alors que les discussions se poursuivent à Genève, les populations de l’Est congolais attendent des actes concrets. La protection des civils passe par une justice transitionnelle efficace et un désarmement complet des groupes armés. La balle est désormais dans le camp de la communauté internationale pour transformer les paroles en actions.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net