L’Assemblée nationale congolaise traverse une crise institutionnelle sans précédent alors qu’une fronde parlementaire menace la présidence de Vital Kamerhe. Des sources parlementaires fiables révèlent que 131 députés auraient signé une motion de défiance contre le président de l’Assemblée nationale, dépassant largement le seuil requis pour son éviction.
Le député Crispin Mbindule, proche de la majorité présidentielle, confirme cette offensive politique : « Nous avons déjà recueilli 131 signatures contre le président Kamerhe. On a largement dépassé le seuil requis en ce qui le concerne ». Cette rébellion au sein de l’Union sacrée de la nation (USN) s’organiserait en prévision de la session parlementaire du 15 septembre.
Les griefs à l’encontre de Vital Kamerhe concernent principalement la gestion des fonds parlementaires. Les élus dénoncent une opacité dans la redistribution des émoluments de 15 millions de francs congolais, versés de manière irrégulière et fragmentée. La suppression des soins de santé pour les parlementaires et leurs familles, ainsi que l’absence de dotation en mobilité, alimentent la colère des députés.
Des sources anonymes évoquent des manœuvres financières douteuses, avec des sommes allant jusqu’à 500 dollars américains proposés par signature pour destituer le speaker. Cette pratique, si elle venait à être confirmée, jetterait une ombre supplémentaire sur les pratiques politiques congolaises.
Pourtant, le bilan managérial de Kamerhe présente des aspects positifs. Sous sa présidence, le budget de fonctionnement de l’Assemblée nationale a été réduit de manière significative, passant de 48 à 28 milliards de francs congolais mensuels. Certains observateurs y voient une possible stratégie politique visant à limiter la marge de manœuvre du président de l’Assemblée.
La crise dépasse la simple question de gouvernance parlementaire. Des voix s’élèvent pour mettre en garde contre les conséquences nationales d’une éviction de Kamerhe. Le leader de l’UNC représenterait aujourd’hui un pont entre l’est et l’ouest du pays. Son départ pourrait alimenter les divisions communautaires et donner des arguments aux groupes rebelles qui dénoncent déjà l’exclusion des leaders de l’espace swahili.
Le timing de cette offensive politique interroge. Vital Kamerhe avait été élu président de l’Assemblée nationale le 22 mai 2024, seulement trois jours après l’attaque de son domicile lors d’une présumée tentative de coup d’État. Son élection avec 371 voix sur 407 votants semblait alors consacrer une légitimité parlementaire incontestable.
Cette crise révèle les fractures au sein de la majorité présidentielle et pose la question de la stabilité des institutions congolaises. La gestion de cette séquence politique testera la résilience de l’Union sacrée et pourrait reconfigurer durablement les équilibres politiques en République Démocratique du Congo.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net