Une crise sanitaire silencieuse frappe le quartier Abattoir 2 dans l’aire de santé de Masina 1 à Kinshasa, où des patients atteints de choléra luttent littéralement pour survivre à cause de routes devenues de véritables pièges mortels. Comment une capitale moderne peut-elle laisser ses citoyens succomber à une maladie évitable simplement parce que les ambulances ne peuvent pas passer ?
Le choléra, cette infection intestinale aiguë provoquée par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés, trouve dans ce quartier de Kinshasa un terrain de propagation idéal. Les habitants, par nécessité plus que par choix, consomment majoritairement l’eau impropre de la rivière Ndjili, transformant cette source vitale en vecteur mortel de contamination.
Jean Claude Ngokuingati, infirmier titulaire de l’aire de santé Abattoir 2, témoigne avec amertume : « Les routes sont dans un état tellement dégradé que même les motos-taxis hésitent à s’y aventurer. Les malades doivent souvent être transportés à dos d’homme sur plusieurs kilomètres, retardant dangereusement leur prise en charge. »
Cette situation d’urgence sanitaire à Kinshasa illustre cruellement le cercle vicieux de l’épidémie de choléra : l’eau contaminée propage la maladie, tandis que l’impossibilité d’accéder aux centres de santé aggrave le taux de mortalité et étend la contamination au sein des familles et de la communauté.
Le Programme élargi de vaccination (PEV) reconnaît l’ampleur de la crise et affirme que des mesures globales sont déployées pour endiguer cette épidémie qui frappe plusieurs zones de santé de la capitale congolaise. Mais sur le terrain, les acteurs sanitaires dénoncent l’insuffisance des moyens face à l’urgence de la situation.
La question de l’assainissement et de l’accès à l’eau potable reste au cœur du problème. Sans solution durable à ces défis structurels, les épidémies de choléra risquent de devenir récurrentes dans cette région de la RDC, transformant une crise sanitaire évitable en fatalité saisonnière.
Les spécialistes de santé publique rappellent que le choléra tue principalement par déshydratation sévère, et que sa mortalité peut atteindre 50% sans traitement approprié. Avec une prise en charge rapide, ce taux chute pourtant à moins de 1%. D’où l’importance cruciale d’un accès rapide aux centres de traitement.
Face à cette urgence, la communauté internationale et les autorités nationales doivent conjuguer leurs efforts pour : améliorer l’état des routes d’accès aux centres de santé, garantir l’accès à l’eau potable, et renforcer les campagnes de sensibilisation sur les mesures d’hygiène de base.
La crise sanitaire à Masina sert de signal d’alarme pour l’ensemble du système de santé publique en RDC. Elle révèle les failles d’un système qui peine à protéger les populations les plus vulnérables contre des maladies pourtant parfaitement évitables et traitables.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net