Alors que la rentrée scolaire 2024 devait marquer le retour sur les bancs de l’école pour des milliers d’enfants congolais, la réalité dans certaines zones de l’Ituri ressemble davantage à un parcours du combattant. Comment envisager sereinement l’avenir lorsque les fondamentaux éducatifs deviennent un luxe inaccessible ?
Ce lundi 1er septembre, l’ONG Terre Sans Frontières a apporté une lueur d’espoir à plus de 800 élèves déplacés de l’école Saint-Luc en leur distribuant des kits scolaires complets. Ces enfants, victimes collatérales des conflits armés qui ensanglantent la région, ont pu recevoir chacun un cartable, des cahiers, des stylos, un crayon, une latte et une boîte mathématique.
Pascal Mbuza, chef de projet au sein de l’organisation internationale, ne cache pas son émotion face à l’ampleur des besoins : « On ressent fortement le niveau élevé de vulnérabilité parmi ces enfants. Il y a des familles qui vivent ici depuis sept ans ». Sept années d’exil, sept années d’incertitude, sept années où l’éducation devient paradoxalement à la fois une bouée de sauvetage et un défi quotidien.
La gratitude des bénéficiaires témoigne de l’importance cruciale de ces dons de kits scolaires en RDC. Josué Budza, élève de 3ᵉ année primaire, exprime avec une maturité déconcertante : « Nous disons merci pour les cahiers, les mallettes et les stylos que vous nous avez donnés. Beaucoup d’élèves en manquent, même les uniformes et les souliers nous font défaut ».
Mais derrière ce geste humanitaire se cache une réalité plus sombre. Dans les territoires de Djugu et d’Irumu, précisément à Iga-Barrière, Lopa, Central Soleniama et Tchabi, la rentrée scolaire n’a tout simplement pas eu lieu. La situation sécuritaire précaire, marquée par les exactions des groupes armés locaux et des rebelles ADF, a contraint des milliers de familles à fuir, abandonnant derrière elles toute normalité, y compris le droit fondamental à l’éducation.
Quel avenir pour ces élèves déplacés du Congo dont le parcours scolaire ressemble à une course d’obstacles ? L’action de Terre Sans Frontières, aussi noble soit-elle, ne représente qu’une goutte d’eau dans l’océan des besoins. L’éducation en Ituri devient le miroir des fractures d’une région en proie à l’instabilité, où le simple fait de posséder un cahier et un stylo relève du privilège.
Alors que la communauté internationale observe, souvent impuissante, la détérioration de la situation, des organisations humanitaires tentent de maintenir vivace la flamme de l’éducation. Mais jusqu’à quand ? La question reste entière, tout comme l’urgence de trouver des solutions durables pour ces enfants qui, malgré tout, continuent de croire en le pouvoir transformateur de l’école.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net