Johannesburg s’apprête à devenir l’épicentre d’une nouvelle initiative diplomatique africaine visant à résoudre la crise persistante dans l’est de la République Démocratique du Congo. La Fondation Thabo Mbeki organise du 3 au 6 septembre une conférence cruciale rassemblant les principaux acteurs de ce conflit complexe qui mine la région depuis des décennies.
Cette conférence de paix en RDC se penchera sur deux thèmes majeurs : les défis sécuritaires auxquels fait face la SADC et la crise spécifique dans l’est congolais. Des réunions entre Congolais sont également prévues pour discuter des causes profondes du conflit en cours, une approche qui pourrait s’avérer déterminante.
La liste des invités témoigne de l’ampleur de cette initiative diplomatique en Afrique. Outre les représentants des églises (CENCO et ECC), la Fondation Thabo Mbeki a convié l’ensemble des leaders de l’opposition congolaise, y compris Joseph Kabila, Martin Fayulu et Moïse Katumbi. Plus surprenant, l’opposition militaire active dans l’est du pays, représentée par Corneille Nangaa et Thomas Lubanga, a également reçu une invitation.
Le gouvernement congolais affiche cependant une position ferme. Le porte-parole Patrick Muyaya a qualifié cette initiative d’inopportune, confirmant que les représentants du pouvoir invités ne feront pas le déplacement. Kinshasa privilégie les processus de Washington et de Doha, tout en préparant son propre dialogue national.
Cette réticence officielle contraste avec l’intérêt manifesté par d’autres composantes de la société congolaise. L’opposition et les confessions religieuses étudient sérieusement leur participation. Le porte-parole de Lamuka, Prince Epenge, a annoncé que sa formation fixera sa position ce lundi 1er septembre, tout en reconnaissant l’importance potentielle de cette conférence pour la paix.
Du côté de l’ECC, une source proche indique que des démarches administratives sont en cours, bien qu’aucune décision définitive n’ait encore été prise. Cette prudence s’explique par la complexité du contexte diplomatique actuel, marqué par plusieurs initiatives parallèles.
La question fondamentale reste : cette conférence de Johannesburg parviendra-t-elle à apporter une contribution significative à la résolution de la crise dans l’est de la RDC ? Ou ne fera-t-elle qu’ajouter une nouvelle couche à la complexité diplomatique déjà existante ?
Les observateurs notent que le timing de cette initiative intervient alors que les processus de Washington et Doha peinent à montrer des résultats concrets. Le dialogue de Johannesburg pourrait ainsi représenter une opportunité pour relancer des négociations stagnantes.
La réussite de cette conférence dépendra largement de sa capacité à rassembler des acteurs aux agendas divergents autour d’une vision commune pour la stabilisation de l’est congolais. Le défi est de taille, mais l’implication d’une figure aussi respectée que Thabo Mbeki pourrait donner à cette initiative la crédibilité nécessaire.
Alors que la région continue de souffrir de l’insécurité et des violences, chaque nouvelle tentative de dialogue mérite attention. La communauté internationale observera avec intérêt si cette conférence saura créer les conditions d’un dialogue inclusif et constructif, ou si elle restera une initiative parmi d’autres dans le paysage diplomatique congolais.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd