Ce lundi, alors que des milliers d’élèves congolais reprenaient le chemin de l’école, un silence inquiétant régnait dans le secteur Wamba, province du Kwilu. Les salles de classe sont restées vides, les cours de récréation désertes. Comment expliquer cette rentrée scolaire fantôme dans cette région pourtant densément peuplée ? La réponse tient en un mot : l’insécurité.
Les miliciens Mobondo, qui ont élu domicile dans ce territoire, continuent de semer la terreur parmi les populations. Enseignants et élèves vivent avec la peur au ventre, selon l’expression locale. Comment envisager sereinement une année scolaire quand le trajet vers l’école devient un parcours du combattant ? Quand la simple présence en classe peut signifier s’exposer à des risques imprévisibles ?
Le directeur de la province éducationnelle Kwilu 1, Expédié Mboma, ne cache pas son amertume après sa tournée d’observation ce lundi. « C’est un secteur qui nous a donné du fil à retordre durant toute l’année passée », confie-t-il, soulignant la persistance de la menace malgré les efforts déployés. Les écoles fermées RDC dans cette zone ne se comptent plus, certaines ayant purement et simplement abandonné leurs locaux.
La situation contraste cruellement avec d’autres parties de la province éducationnelle Kwilu 1, où la rentrée s’est déroulée normalement. À Bandundu, par exemple, les autorités provinciales ont officiellement lancé l’année scolaire dans une ambiance relativement sereine. Cette disparité géographique soulève une question fondamentale : jusqu’où peut-on accepter que l’éducation devienne une variable d’ajustement de l’insécurité ?
Les miliciens secteur Wamba ont instauré un climat de peur qui paralyse littéralement le système éducatif. Les parents, terrifiés à l’idée de voir leurs enfants emprunter des routes dangereuses, préfèrent les garder à la maison. Les enseignants, dont beaucoup ont fui la zone, hésitent à revenir malgré la rentrée officielle. Cette situation crée un vide éducatif préoccupant pour toute une génération d’élèves.
Que faire face à cette insécurité Mobondo Wamba qui mine l’avenir de toute une région ? Les autorités provinciales affirment que des efforts continuent d’être fournis, mais les résultats se font attendre. La timide reprise observée dans quelques établissements suffira-t-elle à inverser la tendance ? Rien n’est moins sûr, tant la psychose reste ancrée dans les mentalités.
L’éducation Kwilu 1 se trouve ainsi à la croisée des chemins. D’un côté, une volonté affichée de normalisation ; de l’autre, une réalité sécuritaire qui entrave toute velléité de reprise normale. Le défi est de taille : comment garantir le droit fondamental à l’éducation dans un environnement où la sécurité n’est pas assurée ?
La communauté internationale et les organisations de défense des droits de l’enfant ne peuvent rester indifférentes face à cette situation. Privés d’école, des milliers d’enfants voient leur avenir compromis. Le risque de voir une génération entière sacrifiée sur l’autel de l’insécurité est réel. Les conséquences à long terme pour le développement de la région pourraient être dramatiques.
Alors que l’année scolaire commence ailleurs dans la province, le secteur Wamba reste prisonnier de ses démons. La solution passera nécessairement par une sécurisation effective de la zone et par la mise en place de mesures incitatives pour le retour des enseignants et des élèves. Mais le temps presse, et chaque jour perdu creuse un peu plus le fossé éducatif entre cette zone et le reste du pays.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd