Sur le rond-point Huileries à Lingwala, une transformation silencieuse s’opère. Les arrêts pirates ont disparu, remplacés par une signalisation neuve qui scintille sous le soleil kinois. « Avant, c’était la jungle ! Les taxis s’arrêtaient n’importe où, les motos roulaient sur les trottoirs… », témoigne un habitant du quartier. Cette métamorphose urbaine marque le lancement d’une campagne inédite de sensibilisation au civisme routier, pilotée par la Commission nationale de prévention routière (CNPR) et le Ministère provincial des Transports.
Comment rendre la rentrée scolaire moins chaotique dans une ville étouffée par les embouteillages ? La question hante tous les parents kinois. Cette campagne de 30 jours veut apporter une réponse concrète en ciblant l’incivisme routier, ce fléau qui paralyse Kinshasa quotidiennement. Bob Amisso Yoka, ministre provincial des Transports, insiste : « Le respect du Code de la route n’est pas une option, mais une nécessité vitale ».
La stratégie déployée est multidimensionnelle : sensibilisation de terrain, communication de masse, dialogues avec la société civile et même un carnaval motorisé. Une approche qui reconnaît que changer les comportements nécessite plus que des discours. Bienvenu Munyasubi, président de la CNPR, souligne l’urgence d’impliquer les citoyens : « La sécurité routière est l’affaire de tous. Chaque geste compte ».
L’installation d’un arrêt de bus principal sur Huileries symbolise cette volonté d’organiser le chaos. Mais peut-on vraiment transformer des habitudes ancrées depuis des années ? Les Kinois restent sceptiques face aux promesses répétées. Pourtant, les enjeux dépassent la simple fluidité du trafic : il s’agit de sauver des vies, de retrouver une ville où marcher n’est plus un parcours du combattant.
Cette initiative intervient dans un contexte où les accidents routiers font des ravages. Le non-respect des règles élémentaires coûte cher en vies humaines et en économie paralysée. La campagne mise sur l’éducation et la persuasion plutôt que la répression, une philosophie qui mérite d’être saluée même si son efficacité reste à prouver.
Au-delà des panneaux et des slogans, c’est toute une culture urbaine qui doit évoluer. Les transports publics informels, le manque d’infrastructures, la pauvreté… Autant de défis structurels qui rendent la tâche ardue. Mais comme le rappelle un agent de la circulation : « On doit commencer quelque part. Mieux vaut agir que regarder la situation se dégrader ».
La réussite de cette opération dépendra de sa pérennité. Après les 30 jours de campagne, qui garantira que les arrêts pirates ne réapparaîtront pas ? L’implication des communautés locales sera cruciale pour ancrer les changements. Une chose est sûre : Kinshasa mérite mieux que le chaos routier actuel. Cette campagne représente une lueur d’espoir dans une ville en quête de mobilité et de dignité.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
