La crise éducative dans l’est de la République Démocratique du Congo prend une ampleur alarmante. Comment expliquer que 104 établissements scolaires restent aux mains des groupes armés en cette fin juin 2025 ? Le dernier rapport du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) dresse un constat accablant sur l’état de l’éducation dans les provinces en proie à l’insécurité.
Le Nord-Kivu apparaît comme l’épicentre de cette tragédie éducative avec 83 écoles occupées, suivi du Sud-Kivu (18 établissements), de l’Ituri (2 écoles) et de la Tshopo (1 école). Cette situation paralyse littéralement le système éducatif dans des régions où l’école représente souvent le dernier rempart contre la violence et le recrutement forcé des enfants.
Mais l’occupation des écoles n’est qu’une facette de la crise. Les chiffres révèlent une réalité encore plus sombre : 1 189 écoles sont fermées dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu en raison de la reprise des hostilités. Imaginez 467 575 enfants privés de leur droit fondamental à l’éducation, dont 219 980 filles qui voient ainsi leurs perspectives d’avenir s’assombrir un peu plus chaque jour.
La problématique des écoles utilisées comme abris provisoires complète ce tableau désastreux. Quel avenir pour une génération entière lorsque 2 132 établissements scolaires sont détournés de leur vocation éducative ? Cette situation affecte particulièrement le Nord-Kivu (109 écoles), le Sud-Kivu (13 écoles), l’Ituri et le Kwilu (2 écoles chacun), ainsi que la Tshopo (6 écoles).
Les humanitaires sur le terrain font face à des défis titanesques. L’accès aux zones d’intervention reste extrêmement périlleux en raison de la détérioration continue du contexte sécuritaire. Les territoires de Fizi, Mahagi, Mambasa, Kabambare, Kabare, Kalehe et Rutshuru sont pratiquement coupés du monde, isolés par des routes en état de délabrement avancé et par la menace permanente des conflits armés.
La fermeture des banques au Nord et Sud-Kivu a créé une crise financière paralysante pour les interventions humanitaires. Comment acheminer l’aide lorsque les circuits bancaires sont interrompus ? Comment stocker des provisions lorsque les entrepôts font défaut et que les routes sont impraticables ?
Le sous-financement chronique du programme humanitaire en RDC atteint des niveaux critiques. Avec seulement 5,3% des fonds nécessaires mobilisés en juin 2025, soit 3 507 337 dollars américains sur les besoins estimés, les organisations humanitaires naviguent en eaux troubles. Comment répondre à l’augmentation exponentielle des besoins avec des moyens si limités ?
Le tableau de bord humanitaire de l’OCHA pour juin 2025 sonne comme un cri d’alarme. Derrière les statistiques se cachent des réalités humaines dramatiques : des enseignants sans salaire, des enfants sans école, des communautés sans espoir. La situation dans l’Est de la RDC nécessite une mobilisation internationale urgente et coordonnée.
La protection des écoles et la garantie du droit à l’éducation doivent devenir une priorité absolue. Sans éducation, quelle reconstruction possible pour ces régions meurtries par des années de conflits ? Sans écoles, quel avenir pour une jeunesse déjà confrontée à tant de défis ?
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: mediacongo.net
