Les eaux de ruissellement ont transformé les rues de Kindu en véritables torrents, emportant sur leur passage toitures, murs et espoirs. « Nous avons tout perdu en quelques minutes », témoigne une habitante de Kasuku, l’une des communes les plus touchées. « Les enfants dorment dans l’eau, sans abri, sans nourriture. Comment voulez-vous qu’ils aillent à l’école dans ces conditions ? »
Le coordonnateur provincial de la Protection civile, Michel Walanga Bali, dresse un constat accablant : 2 541 maisons endommagées, des familles entières livrées aux intempéries et un sentiment d’abandon palpable. « Cette population ne sait plus à qui se vouer », lance-t-il, la voix chargée d’urgence. Son appel aux autorités et aux humanitaires résonne comme un cri dans le vide des nuits froides que traversent les sinistrés.
Derrière cette catastrophe naturelle se cache une réalité plus sombre : une urbanisation anarchique, des infrastructures défaillantes et une gestion des déchets désastreuse. Les constructions précaires sur les voies de drainage ont amplifié les effets des pluies torrentielles, transformant un phénomène climatique en tragédie humaine. Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi les leçons des précédentes inondations n’ont-elles pas été retenues ?
À l’hôpital général de Kindu, le personnel soignant fait face à un afflux de blessés, certains graves, nombreux sans moyens pour payer les soins. « Nous faisons ce que nous pouvons, mais nos ressources sont limitées », confie un médecin sous couvert d’anonymat. Les cases de santé périphériques sont submergées, tout comme les maisons d’accueil qui tentent de pallier le manque de structures d’hébergement d’urgence.
La rentrée scolaire, prévue dans quelques jours, s’annonce catastrophique pour des centaines d’enfants qui ont perdu leurs fournitures, leurs uniformes et parfois même leur école. Les salles de classe utilisées comme abris provisoires ajoutent une couche de complexité à une situation déjà inextricable. Quelle éducation peut-on offrir à une génération traumatisée par les intempéries ?
Les inondations à Kindu ne sont malheureusement pas une exception dans le Maniema. La répétition de ces catastrophes interroge la capacité des autorités à mettre en place des politiques de prévention efficaces. La protection civile manque de moyens, les systèmes d’alerte précoces sont insuffisants et la population paie le prix de ces négligences.
Alors que la saison des pluies s’installe, la crainte de nouvelles inondations hante les habitants. Sans mesures concrètes, sans investissements dans les infrastructures et sans une véritable politique de gestion des risques, Kindu restera vulnérable face aux colères du ciel. La solidarité nationale et internationale devient donc cruciale pour éviter que le pire ne se reproduise.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
