Le Nord-Kivu pleure encore ses morts sur les routes. Ce mardi 26 août, une succession d’accidents tragiques a ensanglanté les artères de Goma et de Masisi, rappelant cruellement l’urgence de la sécurité routière dans cette région en proie à de multiples défis.
À Mitumbala, sur l’axe Sake-Mushaki, le drame a frappé en plein jour. Une moto transportant un père et son fils a été percutée par un camion roulant en sens inverse. Trois vies fauchées en un instant, dont celle d’un enfant dont l’avenir s’est évaporé sur cette route poussiéreuse. Comment une telle tragédie peut-elle encore survenir sur nos routes ? Les forces de l’ordre ont rapidement immobilisé le poids lourd, mais le mal était déjà fait.
Au même moment, à Mugunga dans la commune de Karisimbi, deux taximen motos perdaient la vie sous les roues d’un camion-citerne transportant de l’eau potable. Deux vies de travailleurs ordinaires brutalement interrompues, laissant derrière elles des familles dévastées et des questions sans réponses sur la sécurité des usagers de la route.
La série noire ne s’arrête pas là. Dimanche soir déjà, Rwasama dans le quartier Ndosho était le théâtre d’un accident particulièrement violent. Un véhicule municipal d’évacuation d’immondices aurait percuté un bus Vanette et un Surf, projetant les véhicules dans un grand trou le long de la chaussée. Une femme retrouvée morte à l’intérieur du bus, plusieurs blessés graves évacués en urgence vers les structures médicales de la ville. Le bilan pourrait encore s’alourdir selon des sources locales.
Face à cette hécatombe routière, les questions se bousculent. Pourquoi ces accidents mortels se multiplient-ils dans la région du Nord-Kivu ? Quel contrôle effectif est exercé sur les véhicules lourds qui sillonnent nos routes ? Les conducteurs sont-ils suffisamment formés et sensibilisés aux dangers de la route ?
Les témoins sur place décrivent des scènes de chaos et d’impuissance. « On voit trop souvent ces camions rouler à vive allure sans respecter les règles de base », confie un habitant de Mushaki sous couvert d’anonymat. « Les motos sont partout, souvent surchargées, et les poids lourds ne font pas attention ».
Cet enchaînement tragique d’accidents mortels à Goma et Masisi met en lumière une problématique plus large : l’état des infrastructures routières et la culture de la sécurité dans une région déjà fragilisée par des années de conflit. Les routes souvent dégradées, le manque de signalisation adéquate et le non-respect chronique du code de la route créent un cocktail explosif.
Les autorités promettent régulièrement des mesures, mais les tragédies se succèdent. Chaque accident mortel en RDC représente une famille brisée, une communauté en deuil, et un rappel cruel des faiblesses structurelles de notre système de transport. Combien de vies faudra-t-il encore perdre avant que des actions concrètes ne soient entreprises ?
La soirée de ce mardi 26 août s’est heureusement terminée sans nouvelle victime, lorsqu’une voiture s’est renversée près de la mairie de Goma sans faire de blessés. Mais ce répit ne doit pas faire oublier l’urgence de la situation. La sécurité routière dans le Nord-Kivu nécessite une approche globale : renforcement des contrôles, amélioration des infrastructures, sensibilisation des conducteurs et sanction effective des contrevenants.
Derrière les statistiques froides des accidents de circulation se cachent des drames humains insupportables. Le père et son fils de Mushaki, les taximen motos de Mugunga, la femme de Rwasama – tous avaient des projets, des rêves, une vie devant eux. Leur mort doit servir d’électrochoc pour enfin prendre à bras-le-corps le fléau de l’insécurité routière au Congo.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd