Dans un contexte de réformes économiques ambitieuses, la République Démocratique du Congo et l’Union européenne approfondissent leur coopération stratégique. La rencontre entre le Vice-Premier ministre Adolphe Muzito et le diplomate européen Fabrice Basile marque une étape cruciale dans le partenariat RDC UE, alors que Kinshasa prépare son budget 2026 dans un climat international complexe.
Les discussions techniques, qualifiées de « pragmatiques et structurées » par la délégation européenne, ont porté sur l’accompagnement des réformes budgétaires Congo en cours. L’UE réaffirme son engagement à soutenir les autorités congolaises dans leur quête de modernisation de l’administration fiscale et douanière, un chantier colossal mais indispensable pour assainir les finances publiques.
« L’Union européenne reste un partenaire fidèle de la RDC », a déclaré M. Basile, soulignant la volonté de Bruxelles de maintenir son soutien tout en encourageant davantage d’investissements européens Congo. Cette déclaration intervient à un moment où le gouvernement Muzito cherche à rassurer les partenaires techniques et financiers sur sa capacité à mener à bien des réformes structurelles souvent annoncées mais rarement concrétisées.
Plusieurs axes prioritaires ont été identifiés, dont la digitalisation intégrale de la chaîne des dépenses et recettes publiques. Cette modernisation technocratique représente-t-elle la clé de voûte de la lutte contre les détournements ? La question mérite d’être posée alors que les précédents efforts de transparence budgétaire ont connu des fortunes diverses.
La déconcentration des crédits budgétaires constitue un autre chantier majeur, visant à rapprocher la gestion des fonds publics des réalités territoriales. Cette approche décentralisatrice répond-elle véritablement aux besoins des populations ou s’agit-il d’une simple redistribution des prérogatives technocratiques ?
Le corridor de Lobito, projet stratégique de connectivité régionale, figure parmi les initiatives concrètes où la coopération UE-RDC pourrait prendre toute sa mesure. Cet ambitieux projet d’infrastructure illustre la volonté européenne de participer au développement des chaînes logistiques africaines, dans une perspective géoéconomique plus large.
L’annonce d’une coordination renforcée avec la Banque mondiale et le FMI suggère une approche multilatérale concertée. Cette coordination institutionnelle évite-t-elle les doublons et les conditionnalités contradictoires qui ont parfois entravé l’efficacité de l’aide au développement ?
Le diplomate européen a salué la vision d’Adolphe Muzito, qualifiant le Vice-Premier ministre de « partenaire technique engagé » porteur d’une ambition claire pour le budget 2026 RDC. Cet éloge mérite cependant d’être tempéré au regard des défis colossaux qui persistent : corruption endémique, faible capacité d’absorption des fonds, et faiblesse chronique de la gouvernance économique.
La crédibilité budgétaire congolaise se jouera dans sa capacité à transformer ces déclarations d’intention en réalisations tangibles. L’UE, de son côté, devra concilier son soutien affiché avec une exigence accrue de résultats concrets. Le partenariat stratégique survivra-t-il à l’épreuve des réalisations pratiques ?
Alors que la RDC s’engage dans un cycle budgétaire déterminant, l’appui européen représente à la fois une opportunité et une responsabilité. La balle est désormais dans le camp congolais pour démontrer que les réformes annoncées ne resteront pas lettre morte.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net