La province de l’Ituri fait face à une crise sanitaire animale sans précédent avec la recrudescence de la peste des petits ruminants, une maladie virale dévastatrice qui frappe le cheptel caprin local. Selon les derniers chiffres officiels, plus de 4 000 chèvres ont succombé à cette épizootie depuis 2023, plongeant de nombreuses familles dans une situation économique précaire.
Comment une maladie animale peut-elle autant impacter les communautés rurales? La réponse se trouve dans l’importance socio-économique des petits ruminants dans cette région. Les chèvres représentent non seulement une source de protéines essentielle mais constituent aussi une épargne sur pied pour de nombreux ménages. Leur disparition massive crée donc un vide tant nutritionnel que financier.
Les territoires de Mambasa et Mahagi paient le plus lourd tribut, avec près de 3 000 animaux décimés. Aru et Irumu suivent avec respectivement 1 003 et 401 cas recensés. Une situation que les services vétérinaires qualifient de «critique» face à la rapidité de propagation du virus.
Mais pourquoi cette maladie se propage-t-elle aussi rapidement? Fiston Kabaseke, chef de la Division provinciale des pêches et élevage, pointe du doigt les pratiques à risque: «Les familles achètent ces chèvres pour leur consommation mais, au lieu de les acheminer vers les aires d’abattage contrôlées, elles les abattent à domicile sans aucun contrôle vétérinaire». Cette absence de traçabilité favorise la dissémination incontrôlée du pathogène.
Face à cette urgence sanitaire, les services vétérinaires se retrouvent désarmés. L’absence de vaccins disponibles sur place limite considérablement leur capacité d’intervention. Comment contenir une épidémie sans outils de prévention? La question reste sans réponse pour le moment.
M. Kabaseke lance un appel pressant aux autorités: «J’invite le gouvernement provincial et national, ainsi que les partenaires du secteur, à nous appuyer pour limiter la propagation de cette épidémie en Ituri». Cet appel à l’aide souligne l’urgence d’une réponse coordonnée face à cette crise qui dépasse les moyens locaux.
En attendant une intervention plus substantielle, les autorités sanitaires recommandent à la population d’éviter toute consommation de viande non contrôlée. Une mesure préventive essentielle mais difficile à appliquer dans des zones où les alternatives alimentaires sont limitées.
Cette situation alarmante pose des questions fondamentales sur la resilience des systèmes de santé animale en RDC. La peste des petits ruminants dans l’Ituri n’est pas qu’une crise vétérinaire – c’est une menace pour la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance de milliers de familles congolaises.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net