Dans le territoire de Miabi, au cœur du Kasaï-Oriental, un silence pesant règne sur le chantier du pont Lubi Miabi. Les engins de construction, immobiles, rouillent sous le soleil tropical. Les sacs de ciment s’empoussièrent. Les espoirs, eux, s’effritent jour après jour. Comment une infrastructure aussi vitale pour le désenclavement des territoires en RDC a-t-elle pu être abandonnée ainsi, sans explication ?
« Tout est là, les matériels sont déjà sur le site. Jusqu’à présent, nous ignorons pourquoi le chantier est à l’arrêt. Ce pont est vital pour notre population », confie, désemparé, l’administrateur du territoire Pierre Cibasu. Ses mots résonnent comme un cri du cœur dans une région où l’isolement rime trop souvent avec précarité.
Pour les habitants de Bena Nganza et Cijba Centre, ce pont devait être bien plus qu’une structure de béton. Il symbolisait la fin des traversées périlleuses de la rivière Lubi en saison des pluies, la fluidité des échanges commerciaux, l’accès aux soins et à l’éducation. Aujourd’hui, son absence creuse un peu plus le fossé de l’injustice sociale.
La SOCICO Miabi, coordination territoriale de la Société civile du Congo, dénonce une « discrimination sociale » envers des communautés rurales déjà marginalisées. Son président, Christopher Kawaya Cipamba, alerte : « C’est un lien vital entre communautés, un levier économique et un symbole d’espoir. » Son communiqué, poignant, rappelle que l’arrêt des travaux affecte directement les producteurs agricoles, les petits commerçants, les familles qui peinent à accéder aux services essentiels.
Les conséquences sont tangibles : isolement accru, ralentissement des flux économiques, frustration grandissante. Dans une région où les infrastructures rurales en RDC manquent cruellement, chaque projet abandonné est une occasion de développement perdue. Comment expliquer que des engagements aussi cruciaux ne soient pas honorés ? Les autorités provinciales et nationales mesurent-elles l’impact de ces retards sur le quotidien des populations ?
Le cas du pont Lubi interroge plus largement sur la priorité accordée aux zones rurales dans les politiques d’aménagement du territoire. Alors que les villes bénéficient souvent d’investissements visibles, les campagnes restent les parents pauvres des infrastructures rurales en RDC. Pourtant, c’est bien ici que se joue une part essentielle de la sécurité alimentaire et de la stabilité sociale.
La population de Miabi, elle, attend. Dans l’expectative, mais aussi dans une forme de résilience quiete. Elle espère une reprise rapide des travaux, un geste fort des décideurs. Car ce pont, au-delà de sa fonction pratique, incarnait une promesse : celle d’un avenir mieux connecté, plus juste, où aucun territoire ne serait laissé de côté.
L’histoire du chantier arrêté au Kasaï-Oriental est malheureusement symptomatique d’un enjeu national : celui du désenclavement des territoires en RDC. Sans routes ni ponts dignes de ce nom, comment envisager un développement harmonieux ? Comment lutter contre la pauvreté et l’exclusion ?
Les appels de la SOCICO et des habitants résonnent comme un rappel à l’ordre. Il est urgent que les autorités se saisissent de ce dossier, non seulement pour relancer le chantier du pont Lubi, mais aussi pour impulser une dynamique nouvelle en faveur des infrastructures rurales en RDC. Le temps des discours est révolu ; place à l’action.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd