La situation sécuritaire à Kindu, chef-lieu de la province du Maniema, a connu une escalade préoccupante avec des affrontements armés ayant opposé les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), la Police Nationale Congolaise (PNC) et un groupe se réclamant des Wazalendo. Ces violences, survenues au quartier Tokolote dans la commune de Mikelenge, ont provoqué une tension palpable dans la région, nécessitant une intervention immédiate des plus hautes autorités.
En réponse à cette crise, le Vice-Premier Ministre, ministre de la Défense nationale et anciens combattants, Guy Kabombo, s’est rendu ce dimanche 25 août 2025 à Kindu. Accueilli par le gouverneur de province, Musa Kabwankubi Moïse, ainsi que par des autorités politico-militaires, sa visite avait pour objectif principal d’évaluer sur place la situation et de rassurer la population quant à la détermination du gouvernement à rétablir l’ordre.
Lors du comité provincial de sécurité élargi aux organes, présidé par le ministre, la communication officielle a tenté de minimiser la gravité des événements. « Dans son ensemble, la situation sécuritaire dans la province est relativement calme, en dépit de quelques cas de banditisme urbain », a-t-il déclaré. Pourtant, les récentes violences rappellent combien la stabilité reste fragile.
Le ministre a réaffirmé la volonté ferme du chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi, de mettre fin à l’insécurité. « Les FARDC doivent être une armée forte, républicaine et dissuasive », a-t-il insisté, appelant à une loyauté absolue envers la nation et mettant en garde contre toute collaboration avec l’ennemi. Un discours qui sonne comme un avertissement face aux divisions internes et aux menaces externes.
Mais derrière ces déclarations officielles, quel est le véritable bilan humain ? Les affrontements du jeudi 14 août ont coûté la vie à quatre membres des forces de l’ordre, soldats et policiers, dont les funérailles ont été présidées par le gouverneur mercredi 20 août. Le bilan officiel, communiqué lors de la cérémonie, fait état de 9 morts, 10 blessés et 12 personnes capturées. Des chiffres qui soulèvent des questions sur l’ampleur réelle des violences.
La province du Maniema, bien que située à l’est de la RDC, subit directement les contrecoups de l’agression rwandaise et de l’activisme de la rébellion de l’AFC/M23. Cette instabilité chronique a des conséquences humanitaires désastreuses. Rien qu’au mois d’avril, 21 000 déplacés en provenance du Nord-Kivu, précisément de Walikale, ont trouvé refuge dans la commune rurale de Lubutu. Un afflux massif qui dépasse les capacités d’accueil locales.
Ces déplacés, anticipant l’occupation de leurs territoires par les rebelles, vivent dans des conditions précaires. Certains sont hébergés par des familles d’accueil, tandis que d’autres survivent dans des églises et des écoles, comme l’EP 1 Aleka Unda, l’EP 2 Aleka Unda, l’EP Guyeni et l’EP Mukamba. Une situation qui exige une réponse humanitaire urgente et coordonnée.
Le programme de la visite ministérielle incluait une causerie morale avec les militaires de la 33e région, un briefing au secteur opérationnel, la visite d’infrastructures militaires et des entretiens avec les dépendants des militaires. Autant d’initiatives visant à remonter le moral des troupes et à afficher une présence étatique forte. Mais est-ce suffisant pour endiguer la violence et restaurer la confiance ?
La présence du ministre de la Défense à Kindu symbolise l’attention portée par le gouvernement central aux crises périphériques. Cependant, les défis restent immenses : renforcer la cohésion au sein des FARDC, lutter contre les groupes armés, et répondre aux besoins criants des populations déplacées. La route vers la paix et la stabilité dans le Maniema sera longue, mais chaque action compte.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd