La cité frontalière de Kasindi-Lubirigha, située à 90 km au nord-est de Beni dans le Nord-Kivu, fait face à une crise économique sans précédent avec une flambée vertigineuse du prix essence Kasindi. En l’espace d’une semaine, le litre de carburant est passé de 4 000 à 9 000 francs congolais, soit une augmentation de 125%, plongeant les habitants dans une situation de précarité alarmante.
Cette hausse spectaculaire du carburant Nord-Kivu agit comme un multiplicateur de coûts dans toute l’économie locale. Le transport en moto-taxi, moyen de locomotion essentiel pour les populations, a vu ses tarifs tripler, passant de 1 000 à plus de 3 000 francs congolais par course. Comment les habitants peuvent-ils maintenir leurs activités quotidiennes face à une telle hémorragie financière ?
La société civile Kasindi, par la voix de son rapporteur Paul Zaidi, tire la sonnette d’alarme. Elle dénonce une instrumentalisation de la situation par certains opérateurs économiques qui invoquent des augmentations de taxes douanières pour justifier cette flambée des prix. « Nous exigeons des autorités qu’elles fassent respecter scrupuleusement les prix officiels de la mercuriale et intensifient les contrôles auprès des détaillants et grossistes », déclare-t-il.
Cette crise du transport moto-taxi RDC illustre les vulnérabilités structurelles des régions frontalières. La mobilité étant le sang qui irrigue l’économie locale, cette paralysie progressive menace l’ensemble des échanges commerciaux et la vie sociale. Les autorités économiques locales et l’association des commissionnaires agréés en douane affirment que des discussions sont en cours pour trouver une solution durable.
La question centrale reste : comment garantir l’approvisionnement en carburant Nord-Kivu sans pénaliser les populations déjà fragilisées par des années de conflit ? La réponse des autorités déterminera si Kasindi sombrera dans une crise économique Beni élargie ou si des mécanismes de régulation efficaces pourront être mis en place.
Cette situation révèle les failles d’un système économique précaire où la moindre fluctuation des taxes douanières peut provoquer un tsunami social. La frontière, normalement source d’opportunités commerciales, devient ici un facteur de vulnérabilité accru. Les solutions doivent impérativement associer transparence dans la fixation des taxes et contrôle rigoureux de la chaîne de distribution.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net