Une crise institutionnelle secoue la coordination provinciale de l’Environnement de la Tshopo, où des agents ont formalisé par memorandum leurs griefs à l’encontre de leur coordonnateur, Félicien Malu Lisambola. Les allégations, transmises au gouverneur de province ce jeudi 21 août, pointent des irrégularités financières et managériales présumées qui mineraient le fonctionnement de cette administration clé.
Au cœur des accusations figure le détournement présumé des fonds de rétrocession issus de la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participations (DGRAD). Les signataires affirment que ces fonds, destinés au fonctionnement de la coordination, feraient l’objet de soustractions systématiques depuis janvier 2025. Comment de tels manquements ont-ils pu persister sans déclencher plus tôt des mécanismes de contrôle ?
Le memorandum dénonce également des confiscations arbitraires des attributions des chefs de bureaux, malgré des rappels à l’ordre formels des autorités compétentes. Ces pratiques, qualifiées d’abus de pouvoir manifestes, s’accompagneraient d’une gestion conflictuelle et autoritaire, décrite comme une « dictature aiguë » au sein de l’institution.
Les agents signalent par ailleurs des signalements répétés de collègues auprès du parquet, de la police et de l’Agence nationale de renseignement (ANR), effectués sans production de preuves tangibles. Cette instrumentalisation des institutions républicaines à des fins de persécution professionnelle soulève des questions fondamentales sur l’état de la gouvernance administrative dans la province.
La restructuration interne opérée sous le mandat de la ministre sortante fait également l’objet de vives critiques. Les plaignants dénoncent une mise en place irrégulière ayant conduit au remplacement d’anciens cadres par des proches du coordinateur, en violation flagrante des procédures légales de nomination. Cette reconfiguration des postes-clés alimente les suspicions de népotisme et d’opacité dans la gestion des ressources humaines.
Le document mentionne enfin une désaffectation illégale du matériel de la coordination, compromettant gravement la capacité opérationnelle des services techniques. Cet état de fait affecte directement la mise en œuvre des politiques environnementales dans une province où la protection des écosystèmes revêt une importance cruciale.
Face à ces accusations multiples, Félicien Malu Lisambola oppose une dénciation catégorique. Le coordonnateur conteste la représentativité des signataires, affirmant que seulement quinze agents sur les mille huit cent vingt-deux que compte l’institution ont apposé leur signature. Il qualifie le memorandum de document truffé de contre-vérités et émanant d’éléments souhaitant agir en « électrons libres » contre les règles internes.
Le fonctionnaire précise que certains des signataires feraient l’objet de condamnations judiciaires pour divers faits, jetant ainsi un doute sur leur crédibilité et leurs motivations réelles. Il invite les agents se estimant lésés à saisir officiellement la justice ou à engager des recours administratifs réguliers, plutôt que de recourir à des dénonciations internes.
Cette affaire met en lumière les défis de gouvernance qui persistent au sein des administrations provinciales congolaises. Elle interroge sur l’efficacité des mécanismes de contrôle interne et sur la protection des lanceurs d’alerte dans le secteur public. Les autorités provinciales se trouvent désormais dans l’obligation de diligenter une enquête approfondie pour établir les faits avec exactitude et restaurer la confiance au sein de cette institution essentielle à la protection environnementale de la Tshopo.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net