L’Ouganda vient de conclure un accord inédit avec les États-Unis concernant l’accueil de migrants expulsés du territoire américain. Cet arrangement bilatéral, présenté comme temporaire par les autorités ougandaises, soulève d’importantes questions sur les implications humanitaires et géopolitiques dans une région déjà fragilisée par des crises multiples.
Selon les déclarations de Vincent Bagiire, secrétaire permanent du ministère ougandais des Affaires étrangères, cet accord de coopération permettra d’examiner les demandes de protection de ressortissants de pays tiers qui n’obtiendraient pas l’asile aux États-Unis mais hésiteraient à retourner dans leur pays d’origine. Le dispositif exclura cependant les personnes ayant un casier judiciaire et les mineurs non accompagnés, précise-t-on à Kampala.
Cette annonce intervient dans un contexte où l’Ouganda assume déjà un rôle majeur dans l’accueil des populations déplacées en Afrique. Le pays héberge près de 1,7 million de réfugiés, principalement en raison des conflits qui secouent ses voisins, notamment le Soudan du Sud et la République Démocratique du Congo. La situation dans l’est de la RDC reste particulièrement préoccupante, avec des milliers de Congolais continuant à fuir les combats dans le Nord-Kivu où les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda selon plusieurs rapports internationaux, multiplient les exactions.
La perspective de voir l’Ouganda accueillir davantage de personnes déplacées dans ce contexte already tendu suscite des inquiétudes parmi les observateurs. La région des Grands Lacs demeure en effet marquée par une instabilité chronique, alimentée par la résurgence de groupes armés, les tensions politiques persistantes et l’approche des élections ougandaises prévues en janvier 2026.
Faut-il y voir une nouvelle forme de diplomatie migratoire où les pays africains deviendraient les garants des politiques d’immigration des nations occidentales? La question mérite d’être posée alors que le Rwanda, voisin de la RDC et acteur clé du conflit dans l’Est congolais, a signé début août un accord similaire avec Washington, s’engageant à accueillir jusqu’à 250 migrants expulsés des États-Unis.
Ces développements risquent d’accentuer les crispations dans une région déjà minée par des conflits transfrontaliers et des rivalités politiques complexes. L’arrivée de nouvelles populations déplacées, même en nombre limité, pourrait modifier les équilibres démographiques et sociaux dans des zones frontalières déjà sous tension.
Les conditions précises de cet accord restent à préciser, notamment concernant le financement de l’accueil de ces migrants et la durée réelle de cet arrangement présenté comme temporaire. Les organisations humanitaires suivront avec attention la mise en œuvre de ce dispositif qui interroge sur l’évolution des solidarités régionales et internationales face aux défis migratoires contemporains.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd