Kinshasa, capitale aux mille rythmes, se prépare à vivre une métamorphose culturelle sans précédent. Du 20 au 22 septembre 2025, les artères de la ville vibreront aux accents engagés du Festival Rap Slam RDC, désormais ancré dans le paysage kinois après trois éditions fructueuses à Bukavu. Le FESTIRAS 2025 n’est pas qu’un simple événement culturel à Kinshasa ; c’est une déclaration poétique, un manifeste artistique qui transcende les frontières régionales pour porter haut les couleurs de la création congolaise.
Sous le thème évocateur « Porter la voix pour celles et ceux qu’on réduit au silence », cette quatrième édition s’annonce comme un plaidoyer en mouvement. Comment l’art peut-il devenir un instrument de transformation sociale dans un pays marqué par les conflits ? Le festival apporte une réponse concrète : en offrant une tribune aux invisibles, en particulier aux femmes et enfants victimes des violences dans l’Est de la RDC.
Le producteur visionnaire Aldor Chibembe, fondateur de cette initiative, confie avec une émotion palpable : « C’est un défi pour la RDC. Le fait qu’un festival quitte Bukavu pour s’installer à Kinshasa marque une étape importante. Chaque geste compte ». Ces mots résonnent comme un testament à la persévérance artistique face à l’adversité.
La programmation du FESTIRAS 2025 se déploie comme une symphonie urbaine en trois mouvements. Le concert de charité du 20 septembre, hommage aux victimes des conflits armés, verra se produire Ferre Gola et Joyce Kaj parmi une pléiade de talents. Le 21 septembre, Journée internationale de la paix, le concert principal réunira l’artiste français Médine aux côtés de valeurs sûres de la scène congolaise comme Alesh et Sista Becky. En clôture, le 22 septembre, l’hommage à Papa Wemba à Matonge symbolisera cette fusion entre mémoire artistique et création contemporaine.
Au-delà des performances, le festival déploie une véritable stratégie d’ancrage territorial. Depuis août, une tournée de sensibilisation parcourt les communes de Kinshasa, mobilisant la jeunesse autour des enjeux de paix et d’environnement. Des ateliers thématiques aborderont la lutte contre les violences faites aux femmes et le management digital, prouvant que la promotion paix par l’art passe aussi par la formation et l’éducation.
La dimension inclusive du événement culturel Kinshasa se manifeste dans la représentation d’artistes venus de Bukavu, Goma, Beni et Ituri. Dix talents de l’Est congolais monteront sur scène, portant ainsi une culture locale souvent marginalisée vers une reconnaissance nationale et internationale. Matonge, épicentre de la culture urbaine congolaise, deviendra le théâtre de cette rencontre entre traditions et modernité.
L’Ambassade de Suisse, partenaire historique, réaffirme son engagement pour cette édition kinoise. Samira Cisero, chargée d’affaires par intérim, souligne : « Nous partageons avec le FESTIRAS une même vision : celle de promouvoir la paix et la cohésion sociale à travers la culture et l’art ». Ce soutien institutionnel témoigne de la crédibilité acquise par le festival en trois éditions seulement.
Le slam et rap Congo trouve ainsi une plateforme d’expression inédite, où la parole se fait arme de construction massive. Entre les couplets percutants des rappeurs et la poésie vibrante des slameurs, se tisse une narration alternative de la réalité congolaise. Le FESTIRAS 2025 n’est pas qu’un festival ; c’est un espace de résilience où l’art devient acte de résistance, où la créativité se mue en instrument de dialogue et de réconciliation.
Alors que Kinshasa retient son souffle à l’approche de septembre, une question persiste : et si la véritable révolution congolaise se jouait désormais sur les scènes de spectacle plutôt que dans les arènes politiques ? Le FESTIRAS 2025 apporte peut-être le début d’une réponse, en prouvant que les mots, quand ils sont portés par le rythme et l’émotion, peuvent effectivement changer le monde.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd