À Kinshasa, la dégradation avancée de l’avenue de la Libération, artère vitale reliant les communes de Bumbu et Selembao, plonge des milliers d’habitants dans un cauchemar quotidien. Autour de l’arrêt « Bonbon sucré », cette voie est devenue totalement impraticable, contraignant la population à d’interminables détours par l’avenue Nlandu et Asosa pour rejoindre Moulaert, dans la commune de Bandalungwa.
« Il est presque impossible que mon commerce prospère », confie Julia, vendeuse de bananes plantains sur ce tronçon. « Les véhicules, particulièrement les motos, utilisent désormais la voie réservée aux piétons pour circuler. En plus, le prix du transport a considérablement augmenté ».
La seule alternative praticable, l’avenue Nlandu, subit le même sort avec la formation d’un véritable cratère qui génère d’énormes embouteillages. Les motocyclistes, fuyant l’avenue principale, perturbent dangereusement la circulation des piétons et les commerces environnants en empruntant les voies sablées. Comment les autorités peuvent-elles laisser une situation aussi critique perdurer depuis des mois ?
Fiston Chamukuale, cambiste et habitant du quartier, exprime une inquiétude grandissante face à l’arrivée imminente de la saison pluvieuse : « Nous sommes déjà au mois d’août et la pluie va bientôt revenir. Les eaux ont déjà tendance à faire des ravages avec les caniveaux bouchés. Mais cette fois-ci, on craint le pire ».
Les pluies diluviennes du mois de mai dernier ont déjà causé des ravages dans ce secteur, avec des motos et des personnes emportées par le courant. La perspective de nouvelles intempéries fait redouter le pire pour les riverains dont les habitations pourraient être inondées.
Alphi, commerçant d’habits sur étalage connu sous le nom de Tombola, dénonce l’inaction des autorités communales : « La situation devient de plus en plus incontrôlable. Avant, on ne payait pas autant pour se déplacer. Les prix ont considérablement augmenté. Si tu n’as pas assez d’argent, tu ne peux pas te déplacer ».
Les travaux de réhabilitation effectués par l’entreprise MALTA-FORREST sous le contrôle de Modulor Architects, qui ont débuté il y a plus de six mois à Moelart Bandal, progressent à un rythme préoccupant. Avec un délai de seulement 12 mois pour 8,60 km de route, l’avancement par « bouchées » donne lieu à un paysage urbain défiguré sur l’une des avenues principales de Kinshasa.
Les habitants dénoncent l’absence visible des bourgmestres des deux communes, qui ne se montreraient que « lorsque le chef de l’État souhaite arriver ici ou pour leurs activités personnelles ». Cette absence de suivi des autorités contraste cruellement avec l’urgence de la situation.
La dégradation des routes à Kinshasa n’est pas qu’un problème de mobilité. C’est une question de dignité humaine, d’accès à l’emploi, de survie économique pour des milliers de petits commerçants, et surtout de sécurité publique à l’approche de la saison des pluies. Jusqu’à quand les habitants devront-ils supporter seuls les conséquences de cette incurie ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd