Dans les rues poussiéreuses de Mbuji-Mayi, le poids des traditions se fait sentir chaque jour un peu plus. Comment expliquer qu’en 2025, des femmes continuent de subir des mariages précoces et des violences systémiques ? La réponse se niche au cœur des pesanteurs socio-culturelles qui entravent l’émancipation féminine dans le Kasaï.
« Nos grand-mères ont vécu ces réalités, nos mères les ont subies, et aujourd’hui nos filles risquent de les perpétuer à leur tour », témoigne une habitante de la ville, préférant garder l’anonymat par crainte de représailles. Ce constat amer illustre l’urgence qui a motivé le choix de Mbuji-Mayi comme hôte du 8e Forum national des ministres provinciaux en charge du genre.
La Taskforce préparatoire, réunie ce mercredi à Kinshasa sous la houlette de la ministre Micheline Ombae Kalama, a tracé les grandes lignes de cet événement crucial. Pendant quatre jours, du 10 au 13 août 2025, les décideurs provinciaux et nationaux plancheront sur des solutions concrètes pour briser le cycle des inégalités.
Mme Esther Kamuanya Biayi, secrétaire générale au ministère du Genre, ne cache pas l’ambition de ces assises : « Ce forum représente une opportunité majeure pour adresser les défis spécifiques auxquels font face les femmes du Kasaï. Les coutumes restrictives, les violences basées sur le genre et le manque d’accès à l’éducation constituent autant de barrières à leur épanouissement ».
Le thème « Femme, paix et sécurité » résonne particulièrement dans une région où l’insécurité persiste. Comment envisager la stabilité sans la participation active des femmes aux processus de décision ? La question mérite d’être posée alors que les femmes congolaises continuent d’être sous-représentées dans les instances de pouvoir.
Initié en 2015 comme mécanisme de coordination, ce forum s’est imposé comme un cadre essentiel pour harmoniser les politiques genre entre le niveau central et les provinces. L’édition 2024 à Matadi avait jeté les bases d’une approche plus intégrée, mais le travail reste immense.
Les défis sont multiples : comment concilier respect des traditions et promotion des droits des femmes ? Comment transformer les mentalités sans heurter les sensibilités culturelles ? Autant de questions qui animeront les débats à Mbuji-Mayi.
Pour les organisations de la société civile, ce forum représente un espoir tangible. « C’est l’occasion de porter la voix des femmes rurales, souvent invisibilisées dans les grands débats nationaux », estime une activiste locale. La participation effective de tous les ministres provinciaux et chefs de division genre sera donc cruciale pour garantir des résultats concrets.
Au-delà des discours et des résolutions, l’enjeu réside dans la mise en œuvre effective des engagements. Les femmes du Kasaï attendent plus que des promesses : elles réclament des actions tangibles qui amélioreront leur quotidien. L’accès à l’éducation, la protection contre les violences et la participation économique constituent des priorités non négociables.
Alors que la RDC continue sa marche vers le développement, la place des femmes dans ce processus demeure un indicateur clé de progrès véritable. Le forum de Mbuji-Mayi pourrait bien marquer un tournant décisif dans la lutte pour l’égalité des genres au Congo.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net