Dans un mouvement stratégique qui pourrait redéfinir le paysage télécoms en Afrique centrale et orientale, Airtel Africa et Vodacom Group viennent de sceller un accord de mutualisation d’infrastructures historique. Ce partenariat, couvrant notamment la République Démocratique du Congo, le Mozambique et la Tanzanie, représente une avancée majeure pour l’inclusion numérique dans des régions où la connectivité reste un défi permanent.
Comment cet accord va-t-il transformer l’accès au numérique pour des millions de Congolais ? La réponse réside dans l’optimisation des ressources existantes. Plutôt que de déployer des réseaux parallèles, les deux géants télécoms uniront leurs forces sur les infrastructures critiques : fibres optiques et tours de télécommunications. Cette approche collaborative permet une réduction significative des coûts d’infrastructure – jusqu’à 30% selon les estimations sectorielles – tout en accélérant le déploiement des services 4G et 5G.
Pour la RDC, où seulement 45% de la population avait accès à internet en 2024, cet accord arrive à point nommé. Le partage des infrastructures existantes permettra d’étendre la couverture réseau dans les zones rurales et périurbaines, touchant ainsi des communautés jusqu’alors exclues de la révolution numérique. Les experts estiment que cette mutualisation pourrait faire gagner jusqu’à deux ans sur les calendriers de déploiement initialement prévus.
Sur le plan économique, les retombées s’annoncent substantielles. La baisse des coûts opérationnels devrait se traduire par des tarifs plus accessibles pour les consommateurs finaux, tout en permettant aux opérateurs de réinvestir leurs économies dans l’amélioration qualitative des services. Cette dynamique vertueuse pourrait injecter jusqu’à 200 millions de dollars d’économies annuelles dans le développement réseau sur l’ensemble des marchés concernés.
La connectivité RDC-Mozambique-Tanzanie bénéficiera particulièrement de cet accord. Le corridor numérique ainsi créé facilitera les étransfrontaliers et stimulera le commerce intra-africain, alignant ainsi la vision des opérateurs avec les objectifs de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf).
Les implications technologiques sont tout aussi significatives. La mutualisation des fibres optiques permettra de supporter le trafic data croissant généré par l’explosion des services digitaux. Avec une augmentation de 35% annuelle du volume de données en Afrique subsaharienne, cette infrastructure partagée offre la scalabilité nécessaire pour absorber la demande future.
Reste la question réglementaire, cruciale pour la concrétisation de cet accord. Les autorités de régulation des trois pays concernés devront donner leur feu vert, un processus qui pourrait prendre plusieurs mois. Cependant, les précédents dans d’autres marchés africains montrent que les bénéfices pour les consommateurs et l’économie nationale pèsent généralement lourd dans la balance décisionnelle.
À plus long terme, ce partenariat pourrait servir de modèle pour d’autres opérateurs sur le continent. Alors que l’Afrique représente le dernier frontier de la croissance télécoms mondiale, les solutions innovantes de partage d’infrastructures pourraient devenir la norme plutôt que l’exception.
La course à la digitalisation de l’Afrique vient de franchir une étape décisive. Par leur collaboration, Airtel et Vodacom démontrent que la concurrence n’exclut pas la coopération lorsqu’il s’agit de servir l’intérêt général et de combler le fossé numérique. Reste à présent à transformer cet engagement papier en réalité tangible pour les millions d’Africains qui attendent toujours leur entrée dans l’ère numérique.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Eventsrdc