Le grondement sinistre des murs qui cèdent résonne désormais comme un leitmotiv macabre dans les rues de Kolwezi. Au quartier Biashara, où des immeubles se sont récemment écroulés en plein centre-ville, Marie Kapinga, mère de quatre enfants, montre du doigt la fissure béante qui dévore sa maison : « Chaque nuit, nous dormons avec la peur que le toit nous ensevelisse. Où sont les autorités ? » Sa voix tremblante résume le drame silencieux qui ronge la capitale du Lualaba, où l’exploitation minière RDC sacrifie des vies sur l’autel du profit.
L’IBGDH dénonciation, portée par son coordonnateur Donat Kambola, jette une lumière crue sur cette catastrophe humanitaire. Dans les quartiers de Musonoie, Gécamines Kolwezi et Biashara, des centaines de familles vivent sous la menace permanente d’un effondrement maisons Kolwezi. « C’est une disparition programmée de notre ville, quartier après quartier, dévorés par les concessions minières », accuse Kambola. Les statistiques font froid dans le dos : selon l’ONG, plus de 500 ménages seraient en danger immédiat, abandonnés à leur sort par des pouvoirs publics complices.
Derrière ces effondrements, un système pernicieux se dévoile. Les autorités provinciales perçoivent scrupuleusement leurs 12% de « frais administratifs » liés aux déplacements forcés Lualaba, mais ferment les yeux lorsque les entreprises minières violent le Code minier. Pis encore : elles participent activement aux expulsions sans aucun plan de réinstallation. « Où sont passés les nouveaux logements et terres arables de remplacement prévus par l’article 18 du Règlement minier ? », s’insurge Kambola. La loi est réduite à un chiffon de papier, tandis que des familles entières se retrouvent à la rue, privées de tout recours juridique.
Le phénomène dépasse la simple négligence ; c’est une prédation organisée. Des villages entiers disparaissent de la carte, remplacés par des carrières à ciel ouvert. Jean-Baptiste Tshibangu, évacué de force de Musonoie, témoigne : « Ils nous ont donné 50 000 francs congolais (20$) et un sac de farine. Aujourd’hui, nous campons près de la décharge. Est-ce cela, les droits communautés minières ? » Cette précarisation calculée soulève une question brûlante : jusqu’où ira-t-on dans la marchandisation de la vie humaine au pays du cuivre et du cobalt ?
Face à l’urgence, l’IBGDH lance un cri d’alarme aux gouvernements provincial et national : enquête transparente sur les effondrements, suspension immédiate des déplacements forcés sans garanties, et application stricte du cadre légal. « L’avenir de Kolwezi se joue maintenant », insiste Kambola. Car au-delà des murs qui tombent, c’est le contrat social qui s’effrite. Quand l’État renonce à protéger les plus vulnérables au profit des intérêts miniers, que reste-t-il de sa légitimité ? La tragédie de Kolwezi sonne comme un avertissement : sans justice spatiale et économique, les richesses du sous-sol congolais ne construiront que des ruines.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd