Le paysage politique congolais s’enflamme à nouveau alors que le parti Congo Positif, par la voix de son président Dieudonné Nkishi, oppose un refus catégorique à toute initiative de dialogue politique en République Démocratique du Congo. Cette position radicale, exposée dimanche 17 août lors d’une matinée politique au Centre culturel Collège Boboto à Kinshasa, jette une pierre dans le jardin des tenants de ce qu’il qualifie de « rituels stériles ».
« On a eu plus de 40 dialogues dans ce pays, et le peuple congolais, qui a toujours accompagné ces initiatives, n’a jamais trouvé son intérêt », a tonné Nkishi devant une assistance conquise. Son argumentaire repose sur un constat sans appel : ces processus, présentés comme des solutions miracles, perturbent systématiquement le processus électoral Congo et débouchent sur un partage de pouvoir opaque. « On dit qu’on fait le dialogue pour que les gens s’entendent, mais quand ils y arrivent, c’est pour s’entendre sur leurs intérêts, et non sur ceux du peuple congolais », a-t-il fustigé, pointant du doigt une trahison récurrente de la souveraineté populaire RDC.
Cette charge frontale contre l’opposition dialogue politique RDC s’appuie sur une lecture stricte de la loi fondamentale. Nkishi invoque l’article 5 de la Constitution, transformant son plaidoyer en rempart juridique : « Le peuple est le détenteur souverain du pouvoir. Malheureusement, en RDC, on vote, on donne le mandat aux élus, mais pendant ce mandat, vous trouvez des gens qui viennent comme pour apostropher le pouvoir que le peuple souverain a accordé à ses élus ». Faut-il y voir une défiance envers les mécanismes traditionnels de résolution de crise ? Le président de Congo Positif campe sur une position intransigeante : seule la validation populaire préalable, selon des modalités non précisées, pourrait légitimer une telle démarche.
L’ombre des prochaines échéances électorales plane lourdement sur ce rejet. Pour Dieudonné Nkishi, toute déviation du calendrier établi équivaudrait à une « compromission de la stabilité institutionnelle ». Son appel au respect scrupuleux du processus en cours sonne comme un avertissement aux acteurs politiques tentés par des négociations parallèles. Cette posture radicale interroge : le refus du dialogue est-il la meilleure garante de l’expression démocratique ou un pari risqué dans un contexte politique volatile ? Nkishi en fait l’épine dorsale de son combat, érigeant la volonté populaire en forteresse imprenable contre les arrangements entre élites.
Les implications de cette sortie incendiaire sont multiples. Elle cristallise les tensions autour de la légitimité des mécanismes de gouvernance et place la barre très haut pour toute tentative future de médiation. En rejetant le dialogue comme un virus corrompant la démocratie congolaise, Congo Positif pose un acte fondateur d’opposition frontale. Reste à savoir si cette intransigeance trouvera un écho au sein d’une population lassée par les promesses non tenues, ou si elle sera perçue comme un obstacle à une nécessaire pacification. La balle est désormais dans le camp des institutions et de la société civile, sommées de réinventer des cadres de discussion respectant la sacro-sainte souveraineté populaire, cette prérogative exclusive que Nkishi entend défendre bec et ongles.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net