Le crissement des pneus, le choc sourd, puis le silence funèbre. Dans la pénombre de ce dimanche 17 août, la route nationale 4 (RN4) a englouti les rêves de jeunes sportives à Balombi, sur l’axe Beni-Kasindi. Le véhicule transportant l’équipe féminine du FC Gillette Beni, qui rentrait d’un match amical à Lume, a quitté la chaussée avant de se renverser violemment dans un caniveau en chantier. Bilan implacable : six joueuses et leur chauffeur ont perdu la vie, tandis que plusieurs autres membres de la délégation, grièvement blessés, luttent pour leur survie dans les hôpitaux de la région. Parmi les disparues, l’entraîneuse Sisca Kombi, figure emblématique du football féminin local.
« Nous revenions de la victoire quand l’enfer a commencé », murmure un rescapé sous couvert d’anonymat, la voix brisée par le choc. Le Primo, surchargé selon des témoins, a perdu le contrôle sur ce tronçon en travaux d’élargissement – un chantier qui transforme la RN4 en couloir de la mort depuis des mois. Des projecteurs éteints, un virage mal signalé, un fossé béant ? Les circonstances exactes restent à établir, mais les conséquences, elles, sont d’une cruelle clarté : des familles déchirées, une équipe décimée, une communauté sportive en état de choc.
Dans les couloirs de l’hôpital de Beni, l’urgence médicale se mêle au désespoir. « Certains blessés ont des traumatismes crâniens, des fractures multiples… leur état est critique », confie un membre du staff médical, les traits tirés par une nuit blanche. Cet accident mortel sur la RN4 rappelle tragiquement les dangers quotidiens des routes congolaises, où nids-de-poule, chantiers anarchiques et véhicules vieillissants créent un cocktail explosif. Combien de vies faudra-t-il sacrifier avant que la sécurisation des axes comme la route nationale 4 ne devienne une priorité absolue ?
Le FC Gillette Beni, club phare du Nord-Kivu, pleure ses lionnes. Ces joueuses football, pour beaucoup issues de milieux modestes, incarnaient l’espoir d’une jeunesse passionnée par le ballon rond. Leur disparition brutale soulève des questions brûlantes sur la sécurité des transports pour les équipes sportives locales, souvent contraintes à des déplacements périlleux faute de moyens. Une réunion de crise à l’entente locale de football est prévue ce lundi, mais pour les proches des victimes, rien ne ramènera les sourires envolés dans ce caniveau de Balombi.
Derrière le drame du FC Gillette Beni, c’est tout un système qui vacille. L’accident Beni-Kasindi met en lumière l’impérieuse nécessité d’audits routiers réguliers, de contrôles techniques stricts des véhicules de transport en commun, et de campagnes de sensibilisation pour les chauffeurs. Alors que le Nord-Kivu tente de panser ses plaies, cette tragédie sonne comme un avertissement glaçant : sans investissements massifs dans les infrastructures et une gouvernance responsable, la RN4 continuera d’être un chemin de croix pour ses usagers. La mémoire des sept victimes exige plus que des condoléances – elle exige des actes.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
