Le grondement sinistre de l’acier qui cède sous un poids lourd mercredi 14 août 2025 a scellé le destin de milliers de familles. À Kibi, ce pont colonial vieux de 69 ans s’est effondré comme un château de cartes, emportant avec lui l’espoir des réfugiés sud-soudanais et l’oxygène économique de toute une région. « Nos enfants pleurent la faim au ventre depuis trois jours », confie Mama Kiza, commerçante bloquée côté congolais. « Comment les humanitaires vont-ils nous atteindre maintenant ? »
Cette infrastructure cruciale, construite en 1956, représentait l’unique lien entre le territoire d’Aru en Ituri et le Soudan du Sud. L’effondrement pont kibi a immédiatement paralysé le trafic bloqué aru, interrompant le flux des camions transportant farine, médicaments et produits de première nécessité. Les conséquences sont catastrophiques : plus de 20 000 réfugiés installés près de la frontière sont désormais coupés de l’aide internationale, plongeant la zone dans une crise humanitaire ituri sans précédent.
« Chaque heure qui passe aggrave le désastre », alerte le député provincial Tabani Dieudonné, la voix nouée par l’urgence. Ce pont ituri soudan sud assurait non seulement la survie des déplacés, mais permettait aussi la collecte des recettes douanières via le poste frontalier de Kengezi-Base. « Sans reconstruction pont kibi immédiate, c’est notre souveraineté économique qui s’effondre ! » lance-t-il dans un appel pressant au gouvernement.
L’analyse révèle une tragédie annoncée : cet axe vital supportait depuis des années des convois bien trop lourds pour sa structure vétuste. Les images du tablier disloqué montrent une ossature rouillée, symptôme d’un abandon chronique des infrastructures frontalières. Les conséquences économiques sont déjà palpables : le commerce transfrontalier entre Ingbokolo et Kengezi-Base, poumon économique local, est à l’arrêt complet.
Dans les marchés d’Aru, les prix flambent tandis que les étals se vident. « Le sac de manioc coûte désormais le triple », déplore un habitant en montrant son étalage désespérément vide. Les organisations humanitaires, elles, tentent désespérément de trouver des itinéraires alternatifs sur des pistes impraticables, pendant que les stocks de médicaments s’amenuisent dans les cliniques mobiles.
Cette catastrophe pose une question brûlante : jusqu’à quand la RDC continuera-t-elle à dépendre d’infrastructures coloniales pour sa survie économique et humanitaire ? L’effondrement du pont Kibi n’est pas seulement un accident technique – c’est le miroir d’un système qui a négligé trop longtemps ses artères vitales. Alors que des vies pendent au fil d’une reconstruction urgente, cette crise rappelle cruellement que sans routes dignes de ce nom, il ne peut y avoir ni développement ni paix durable dans l’Est congolais.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net