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Édito de la semaine du 11 au 17 août 2025 — Crise à l’Est : l’État pris au piège de l’urgence sécuritaire

Massacres, exodes, couvre-feux, marchés en ruine : encore une semaine où l’insécurité à l’Est inflige à notre pays des plaies béantes. Les annonces d’un nouveau gouvernement ou d’accords internationaux pèsent peu face à la réalité des populations de Walikale, Ituri, Goma ou Bunia, acculées par la violence, la faim et la peur. L’heure n’est plus aux discours, mais à l’action résolue pour sauver la cohésion et l’avenir de la RDC.

La semaine qui s’achève aura rappelé, de manière dramatique, à quel point la sécurité demeure le talon d’Achille de notre nation. Plus de 300 civils assassinés en juillet à Rutshuru selon l’ONU, des déplacés par dizaines de milliers, villages en flammes, blocus sur les axes vitaux, épidémies dans les camps, marchés saccagés par le feu—l’Est du pays subit une spirale infernale dont l’issue semble chaque jour plus lointaine. L’actualité a résonné d’une multitude d’exemples : massacre à Walikale, attaques ADF à Beni et Ituri, blocus du M23, morts dans les centres de santé pillés, flambée de violences urbaines à Goma, Bunia, Nyiragongo.

Face à ce cauchemar, c’est l’ensemble du cadre national qui vacille. Sans surprise, le remaniement du gouvernement Suminwa II s’est retrouvé relégué au second plan. Malgré la volonté affichée « de rigueur, de sacrifice et de dignité », selon les mots de la Première ministre, la société civile congo¬laise dénonce un « recyclage » politique, incapable de répondre à l’urgence. Pire : la défiance monte. Les grandes puissances (France, USA, Royaume-Uni, SADC, ONU) accentuent la pression sur Kinshasa pour garantir la sécurité et l’intégrité territoriale, mais les processus de paix —de Doha ou de Washington— patinent, ébranlés par des violations systématiques des cessations des hostilités et des accusations croisées dont ressortent une profonde perte de confiance régionale.

Dans ce contexte, la vie quotidienne est frappée de plein fouet. Les camions d’alimentation bloqués plongent Bunia dans la famine, les épidémies de choléra et de diarrhée menacent des milliers de déplacés à cause de l’insalubrité généralisée. Les marchés brûlés de Kikwit et Goma témoignent de l’insécurité chronique jusque dans les centres de vie. L’économie s’asphyxie : investissements étrangers suspendus, crise monétaire locale à Goma, vitalité commerciale entravée par la peur et la corruption. L’école, la santé, la culture, tout cède sous le poids des combats et du désespoir.

Cette crise n’a rien de conjoncturel : elle révèle la fragilité structurelle de l’État congolais à garantir ce pour quoi il existe d’abord — la sécurité et la justice pour tous. Tant que la réponse restera sectorielle et fragmentée — militaires ici, médiation là, aide humanitaire ailleurs —, aucune « renaissance politique », aucun nouveau départ ne pourra remplir son office. Les lueurs d’espoir existent, portées par les femmes formées à Goma, les centaines de jeunes qui refusent la violence à Beni, les ONG locales, les leaders coutumiers qui réclament le désarmement et la paix. Mais leur voix se noie dans la cacophonie des armes si l’État ne fédère pas une réponse nationale, continue, forte, et transparente, adossée à un dialogue sincère sur la souveraineté et la gouvernance.

Oui, il est encore temps d’agir : pour l’État congolais, l’alternative est celle-ci : redevenir protecteur de tous, ou perdre le socle de la nation. Au gouvernement Suminwa de prouver par des actes concrets, et non par de simples remaniements, que l’intérêt supérieur de la population prime. La société civile, les partenaires régionaux et internationaux, chacun à son niveau, doit refuser la banalisation de la tragédie à l’Est. Exigeons la vérité, la justice, la réforme profonde du secteur sécuritaire, et la protection urgente des plus vulnérables. Notre avenir commun l’exige.

— La Rédaction de CongoQuotidien

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