Dans un contexte de tensions persistantes, le président Félix-Antoine Tshisekedi a pris part, ce mercredi 13 août, à un sommet virtuel crucial co-organisé par la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC). Cette rencontre hautement stratégique visait à évaluer les progrès réalisés dans la résolution de la crise sécuritaire qui mine l’est de la République démocratique du Congo. L’initiative témoigne-t-elle d’une réelle synergie régionale ou s’agit-il d’une nouvelle tentative vouée à l’échec face à la complexité du dossier congolais ?
Au cœur des discussions, les termes de référence du groupe de cinq facilitateurs désignés par le sommet ont fait l’objet d’un examen minutieux. Dans un mouvement significatif, l’ancien président botswanais Mokgweetsi Éric Masisi a été coopté pour rejoindre cette équipe d’éminents médiateurs. Ce renforcement du dispositif diplomatique interroge sur la capacité de ces facilitateurs EAC-SADC à imposer une feuille de route crédible aux multiples acteurs du conflit.
La réunion a abouti à l’adoption formelle des conclusions issues des consultations préalables entre coprésidents et facilitateurs. Plus substantiellement, les dirigeants ont procédé à un réexamen approfondi du mandat consolidé du médiateur de l’Union africaine et du groupe de facilitateurs conjoints. Cette clarification institutionnelle arrive à point nommé alors que les violences dans le Kivu continuent de défier les mécanismes de résolution existants.
Autour de la table virtuelle, une représentation diplomatique de haut niveau : aux côtés du président Tshisekedi figuraient ses homologues de Zambie, du Rwanda, du Zimbabwe et du Kenya. L’Ouganda et le Burundi déléguaient leurs vice-présidents, tandis que l’Angola, Madagascar et la Somalie se faisaient représenter par leurs ministres des Affaires étrangères. Cette configuration souligne l’élargissement du cercle des parties prenantes à la crise congolaise, mais révèle aussi les limites d’une approche fragmentée.
Ce sommet marque indéniablement une étape nouvelle dans l’architecture de paix régionale. Pour autant, la question centrale demeure : ces mécanismes de coordination parviendront-ils à transcender les rivalités géopolitiques qui minent depuis des décennies la stabilisation de l’Est congolais ? Le président Tshisekedi joue un pari risqué en misant sur ce cadre multilatéral, alors que les groupes armés poursuivent leurs activités en toute impunité. La crédibilité de l’ensemble du dispositif se mesurera à l’aune des prochains rapports sur le terrain.
Les facilitateurs EAC-SADC devront désormais composer avec un calendrier serré et des attentes considérables. Leur capacité à imposer un dialogue inclusif, intégrant les préoccupations sécuritaires légitimes de la RDC tout en neutralisant les ingérences étrangères, constituera le véritable test de cette initiative. La situation dans l’est du Congo exige plus que des déclarations d’intention : elle commande des actions concrètes et coordonnées qui tardent toujours à se matérialiser. Le prochain sommet, déjà dans les agendas, devra passer de la diplomatie des mots à celle des résultats tangibles.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net